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Quel bilan pour la présidence italienne du Conseil de l’UE?

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La présidence italienne du Conseil de l’Union Européenne a pris fin le 1er janvier 2015. Si le style bravache et volontiers iconoclaste de Matteo Renzi a pu globalement séduire, on peut discuter de son réel impact sur le fond.

L'énergie de Matteo Renzi a-t-elle déteint sur les institutions européennes?
L’énergie de Matteo Renzi a-t-elle déteint sur les institutions européennes?

Il est indéniable que les six mois de présidence italienne ont permis à Matteo Renzi de gagner en notoriété sur la scène internationale. Il Rottamattore (« le démolisseur ») a en effet dû endosser la lourde responsabilité de redorer l’image de l’Italie auprès de ses partenaires européens en assumant la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne. Son discours volontariste, tourné vers la jeunesse, avec une volonté apparemment sincère de dépoussiérer une Europe vieillissante, a drainé l’attention et redonné un coup de jeune nécessaire aux institutions de l’UE.
Mais après six mois, que peut-on retirer concrètement de cette présidence ? Le traité transatlantique, placé à ses débuts par Matteo Renzi comme un objectif fondamental, s’enlise de plus en plus face à la frilosité américaine sur ce sujet. On constate que la situation est la même concernant la neutralité d’internet, sujet totalement disparu des débats depuis quelques mois. L’équipe du Premier ministre italien revendique un bilan positif sur un point : celui de la flexibilisation du Pacte de stabilité. Désormais, les investissements ayant « un sens pour le futur de l’Europe », formule des plus sibyllines, seront déductibles de la contribution de l’Etat en question à ce Pacte. Si en six mois le seul progrès concret des institutions européennes se résume à ce point, la situation a de quoi laisser rêveur.
Cependant, il n’y a pas de quoi s’alarmer de cette situation. La présidence du Conseil de l’UE n’offre pas une si grande marge de manœuvre à l’Etat titulaire. Son succès dépend des évènements extérieurs, de la conjecture économique, voire tout simplement du calendrier parlementaire. Mais elle ouvre surtout une fenêtre médiatique : fenêtre que Renzi a parfaitement su occuper. Si cette attitude a renforcé sa stature d’homme d’Etat en Italie et en Europe, elle a aussi réellement servi l’Europe. Il a ainsi supervisé la transition rapide et (quasi) sans heurts de la Commission Barroso à celle de Jean-Claude Juncker. En étant très ferme avec lui dès son entrée en fonction sur son refus de la technocratie, Renzi a également forcé Juncker à entamer une politisation bienvenue de la Commission Européenne.
D’aucuns diront que la présidence italienne se résumera, comme tant d’autres, à du vent. Toutefois, pour une fois que ce vent apparaît positif, dans un contexte qui ne s’y prêtait guère, il serait heureux que la présidence lettone enchaîne sur cette dynamique. Les propres mots de Renzi lors de son discours de clôture au Parlement Européen résument assez bien le changement qu’il a tenté d’insuffler : en l’espace de six mois, il y a eu en Europe « un changement profond de cap, pas encore dans les faits ».

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