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Les relations russo-israéliennes : entre liens réels et intérêts bien compris (1/3)

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L’abstention d’Israël lors du vote condamnant l’annexion de la Crimée par la Russie a surpris plus d’un observateur. Pourtant, au vue des relations étroites qu’entretiennent les deux pays, notamment à travers la proximité entre leurs deux dirigeants actuels, cette abstention est compréhensible. Entre les nombreuses contradictions et pourtant le pragmatisme qui les caractérisent, ces relations riches et complexes méritent toute notre attention, particulièrement à un moment tournant de l’histoire du Moyen-Orient.

Poignée de main entre le président russe Poutine et le premier ministre israélien Netanyahou
Poignée de main entre le président russe Poutine et le premier ministre israélien Netanyahou
Les relations entre les deux pays sont tout d’abord marquées par l’importance du facteur humain. Depuis 1989, de nombreuses personnes issues de la Russie et des républiques de l’ex-URSS ont émigré en Israël. On estime qu’entre 1989 et 2002, plus de 900.000 russes rejoignirent ainsi l’État hébreu. Cette communauté « russe israélienne » (car très souvent composée de binationaux) a par conséquent un poids politique très important, dans la mesure où il représente près de 1/7ème de la population. Cette part de l’électorat se situe traditionnellement plutôt à la droite et à l’extrême-droite de l’échiquier politique israélien.

Globalement, la communauté « russe israélienne » a su s’intégrer dans la vie israélienne, et ses membres occupent des postes importants aussi bien au niveau politique qu’économique et culturel. Son représentant emblématique est l’ancien ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, né en Moldavie soviétique. Une communauté si importante que Vladimir Poutine a même qualifié Israël de « pays russophone ». Ce « pont humain » entre les deux pays est illustré également par le dynamisme du tourisme russe en Israël. Près de 12,5% des touristes en Israël sont Russes. Depuis 2008, le régime des visas a même été abrogé entre les deux pays.

L’importance de la communauté russe d’Israël explique l’attitude de l’État hébreu à l’ONU en Mars 2014. Au-delà du signe de la détérioration des relations entre Tel-Aviv et Washington, il y a une volonté de neutralité de la part du gouvernement israélien. La communauté russe d’Israël est très divisée sur la question de l’Ukraine et Netanyahou a préféré rester en marge d’un débat où il n’y avait que des coups à prendre.

Échanges économiques et coopération militaro-technique

Parallèlement aux liens humains, les deux pays ont des échanges économiques intenses. En témoigne le groupe de travail mit en place depuis Mars 2014 afin de travailler à un accord de libre-échange entre Israël et l’Union douanière (Russie-Biélorussie-Kazakhstan). L’intensification progressive des échanges entre les deux pays depuis la fin de l’URSS est impressionnante : de 12 millions de dollars en 1991, ces échanges sont passés à 2,8 milliards de dollars en 2011. La bonne entente entre les deux pays se traduit notamment par la percée russe sur le marché gazier israélien, traditionnellement réservé aux compagnies américaines.

La Russie trouve surtout avec Israël un partenaire d’excellence pour rattraper son retard technologique. Israël, qui est par exemple en pointe dans le domaine des drones, a vendu en 2010 à la Russie pour plusieurs centaines de millions de dollars des drones Searcher Mk-II et Bird Eye-400. De nombreux partenariats ont également été mis en place dans les domaines industriels et scientifiques. En 2011, les deux pays ont signé via leurs agences spatiales respectives un accord renforçant leurs coopérations dans les domaines de l’observation, du tir et de la navigation.

La proximité humaine et les échanges intenses entre les deux pays contribuent à structurer une relation durable entre les deux pays. Pourtant, on peut s’interroger sur les limites des relations entre ces deux pays, au vue des intérêts propres à chacun des deux États au Moyen-Orient et dans « l’Etranger proche » russe.

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