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Un pied dedans, un pied dehors : la lutte de David Cameron pour intervenir en Syrie contre Daesh

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« Je veux que la Grande Bretagne en fasse d’avantage » a déclaré David Cameron à la chaîne américaine NBC. Le premier ministre britannique souhaite que le Royaume s’implique plus dans la lutte contre Daesh mais pourquoi ? Et quelles sont les raisons qui ont empêché ces interventions ?

David Cameron en août 2013 au moment du débat sur une possible intervention britannique en Syrie. En plus de difficultés militaires et géopolitiques, Cameron doit aussi faire face à une opposition britannique comme le SNP, le parti indépendantiste écossais, actuellement fortement opposé à sa politique.
David Cameron en août 2013 au moment du débat sur une possible intervention britannique en Syrie.
En plus de difficultés militaires et géopolitiques, Cameron doit aussi faire face à une opposition britannique comme le SNP, le parti indépendantiste écossais, actuellement fortement opposé à sa politique.

A ce jour le gouvernement n’a reçu l’autorisation des parlementaires de n’effectuer que des frappes en Irak et ses environs mais pas en Syrie. Or des documents déclassifiés à la demande de l’association Reprieve ont révélé le 17 juillet dernier que des pilotes du Royaume-Uni ont participé à des frappes en Syrie, dans le cadre de frappes de la coalition. L’affaire a été suffisamment grave pour que le secrétaire à la Défense, Michael Fallon, ait dû s’expliquer devant le parlement le 20 juillet.

Cela embarrasse d’autant plus que David Cameron désormais à la tête d’une majorité claire de conservateurs veut riposter aux attentats de Sousse du 26 juin dernier qui ont tué 30 Britanniques et qui ont été clairement revendiqués par Daesh. Et pour couronner le tout Julian Lewis, le président du comité spécial de défense et vétéran du parti conservateur, a qualifié la stratégie du gouvernement contre Daesh d’incohérente. Il a aussi appelé David Cameron à présenter un plan plus approfondi au parlement qui avait déjà rejeté une première demande d’intervention en Syrie en 2013.

Tout coince dans le fait que la Grande Bretagne intervient en Irak à la demande du gouvernement irakien mais que le gouvernement syrien n’a fait aucune demande étant donné que Londres ne reconnait plus le régime d’Assad comme le régime légitime en Syrie. L’argumentaire de Cameron est qu’au moment du précédent vote en 2013, Daesh n’avait pas émergé et que la situation était complétement différente. Elle concernait une action contre Assad après son utilisation d’armes chimiques sur les civils, elle concerne désormais l’arrêt de Daesh dans la région.

Un nouveau vote devrait avoir lieu en septembre après la nomination d’un nouveau chef du Parti travailliste. Mais au-delà de la question de la légitimité de l’intervention se pose celle de la possibilité de l’intervention : l’armée britannique a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

Avec à peine sept escadrons de combat pour la Royal Air Force, et une Royal Navy qui peine à réaliser tous ses objectifs, la situation est très tendue pour l’armée. Le budget de la Défense britannique, 35 milliards de livres, va passer sous la barre des 2% du PIB minimum requis par l’OTAN et l’armée régulière aura perdu 50 000 postes entre 2010 et 2020. Le budget pourrait même passer sous la barre des 1.6% en 2020. Certes deux porte-avions sont prévus à l’horizon 2020 mais surtout parce qu’ils ont été commandés avant les révisions de 2010 et qu’ils coûteraient plus cher à annuler qu’à recevoir. Les généraux grondent alors que le pays dépense plus en aides aux pays en développement que dans des besoins essentiels de son armement. Il n’est donc pas sûr que, même si David Cameron fait voter une intervention en Syrie, la Grande Bretagne puisse faire la différence en Syrie et en Irak.

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