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Russie/Ukraine : vers une séparation définitive ?

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L’entrée en vigueur le 1er janvier 2016 de l’accord portant sur la zone de libre-échange entre l’Ukraine et l’Union européenne rend encore plus difficile les relations entre Kiev et Moscou. Ces dernières ne cessent de se dégrader depuis les manifestations massives de 2013 dans la capitale ukrainienne et le rattachement de la péninsule de Crimée à la Russie en mars 2014. La volonté de l’Ukraine de se libérer enfin de l’étau russe, qu’il s’agisse des institutions politiques, économiques ou encore de sa dépendance excessive vis-à-vis des importations gazières, s’est accentuée encore plus fortement avec l’arrivée au pouvoir de Petr Poroshenko en juin 2014, ce dernier faisant de l’intégration de l’Ukraine dans les structures euro-atlantiques la priorité de sa politique extérieure. Ce choix pro-européen de Kiev, constamment réaffirmé par les discours du gouvernement en place, ne va pas dans le sens des intérêts nationaux des Russes, qui continuent à percevoir l’Ukraine à travers le prisme du « destin commun ». Briser cette dépendance historique et sortir, cette fois-ci définitivement du giron d’influence russe, paraît une tâche quasi impossible.

L'Ukraine, parviendra-t-elle à sortir du giron d'influence russe?
L’Ukraine, parviendra-t-elle à sortir du giron d’influence russe?

Depuis le divorce « civilisé », si on reprend l’expression du premier président russe Boris Eltsine, et la proclamation de son indépendance le 24 août 1991, l’Ukraine a désespéramment cherché à forger son identité. Le gouvernement en place présidé par Leonid Koutchma a multiplié les déclarations sur l’identité unique de l’Ukraine, tout en essayant de briser le « mythe » du destin commun de deux peuples slaves. Mais, en pratique le pays a continué à suivre la voie tracée par la Russie, fortement marquée par la période soviétique. Dans le domaine économique, l’Ukraine demeurait l’appendice de la Russie en raison du manque de partenaires alternatifs. Selon le Comité des Statistiques de l’Etat ukrainien, en 2013 le commerce avec son voisin oriental atteignait 28% du volume total de son commerce extérieur, ce qui plaçait la Russie en première position dans la courte liste des partenaires commerciaux de l’Ukraine. En outre, la Russie « abrite », et ce depuis les premières années 1990, plusieurs migrants économiques ukrainiens, plus ou moins qualifiés, impliqués, pour la majorité d’entre eux, dans le secteur du bâtiment et du commerce. Sur le plan politique, cette dépendance est encore plus visible. Ayant hérité du temps de l’Union soviétique d’une société civile corrompue, l’Ukraine (tout comme la Russie, d’ailleurs !) n’a pas réussi à s’en débarrasser, et ce en dépit d’un grand nombre de réformes, initiées par l’administration du président Iouchtchenko entre 2005 et 2010, connu pour ses sympathies pour l’Occident.

Les liens s’affaiblissent

Depuis l’implication de Moscou dans le conflit à l’Est de l’Ukraine et le pompeux « retour de la Crimée à sa Mère Patrie », l’image de la Russie s’est fortement dégradée parmi les Ukrainiens. Seuls ceux qui habitent dans les régions séparatistes, contrôlées de facto par les Russes, sont favorables à Moscou. Cette rupture, évidemment la plus importante depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, s’explique sans aucun doute par un mécontentement croissant dans la société ukrainienne face à l’ingérence de Moscou dans les affaires intérieures de l’Ukraine, remettant, ainsi en question son droit à choisir son modèle propre de développement. De cette situation résulte une diminution importante du nombre d’Ukrainiens se rendant en Russie. En 2014, ils n’étaient d’ailleurs que 4,6 millions. L’assouplissement du régime des visas par l’Union européenne pour les Ukrainiens, qui devrait se concrétiser dans les mois à venir, ne pourra qu’accélérer cette tendance de distanciation.

L’expression de Vladimir Fédorovski, écrivain russe connaissant un grand succès en France pour ces publications sur la Russie, reflète parfaitement la situation qui s’est installée dans le triangle Russie/Ukraine/Union européenne : « La Russie a gagné la Crimée, mais a perdu l’Ukraine. L’Europe a gagné l’Ukraine, mais a perdu la Russie ». Les liens historiques et culturels entre la Russie et l’Ukraine, bien qu’encore très forts, commencent à se distendre. L’incapacité du pays (ou l’impossibilité ?) à balancer entre la Russie et l’Europe s’avère catastrophique, l’obligeant à tourner le dos à la première pour construire des relations « égales » avec la deuxième, projet qui dévoile toutefois beaucoup d’incertitudes.

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