Le plus grand parc éolien terrestre d’Europe est en Roumanie, et offre bien des promesses
La Roumanie a l’occasion d’être sous le feu des projecteurs mais les récents démêlés avec la France constituent l’arbre qui cache la forêt. Car la Roumanie est en passe d’exploiter une richesse naturelle peu mise en valeur dans les ex-républiques démocratiques : le vent.
Depuis novembre 2008, la compagnie tchèque CEZ installe à Fantanele le plus grand parc éolien terrestre d’Europe. Car Fantanele est un petit village situé à moins de dix kilomètres de la mer Noire, et si la mer porte depuis longtemps ce nom là, c’est à cause de son agitation perpétuelle due aux vents puissants venant de l’Est qui soufflent sur cette région aride et sans relief. Un emplacement idéal pour la compagnie qui a lancé son projet il y a un an et demi et qui commence à en récolter les fruits : 115 éoliennes sur les 139 prévues ont été installées et son prêtes à être raccordées au réseau électrique roumain. La deuxième étape est d’installer, d’ici 2011 dans le village voisin de Cogealac, 101 autres éoliennes pour un total de 240 qui fourniront 600 mégawatts : l’équivalent du réacteur nucléaire de la ville de Cernavoda (au Sud-Est).
Le projet est une bénédiction pour les habitants de cette terre difficile à cultiver et chroniquement pauvre. La compagnie loue aux paysans leurs terrains pour 1800 à 3000 euros par an, or le revenu moyen est de 3600 euros par an pour un diplômé supérieur et 1800 euros pour les personnes à faible niveau d’étude. Une nouvelle économie de rente peut-être ? En tout cas, les travaux récents ont employé une centaine de locaux et 400 autres travailleurs venus d’autres pays d’Europe. Un nouveau réseau de routes et de ponts a été installé pour permettre l’acheminement de ces structures qui peuvent atteindre jusqu’à cent mètres de haut. Le développement bénéficie donc à toute la région qui ne se prive pas pour améliorer les commodités et le niveau de vie de ses habitants avec l’aide, aussi, de fonds de l’Union européenne.
Le groupe CEZ se donne pour objectif de produire 10 % de l’énergie verte de la Roumanie, et pour va cela investir 1,1 milliard d’euros. D’ailleurs, le groupe espagnol Iberdrola, numéro un mondial dans le secteur, semble aussi intéressé. Il a ouvert un bureau à Bucarest et annoncé qu’il était prêt à investir environ deux milliards d’euros dans un parc d’éoliennes situé, lui aussi, à proximité de la mer Noire. Cette fois, ce devrait être le plus grand au monde. Il était temps pour la Roumanie, très en retard pour réaliser les objectifs de la Commission européenne : à savoir, produire 20 % de son énergie à partir de ressources renouvelables d’ici 2020 (ainsi que diminuer de 20% ses émissions de gaz à effet de serre et d’augmenter de 20% l’efficacité de sa production énergétique). Pourvu que le projet survive à la corruption locale, il peut devenir un moteur du développement du pays. Qui plus est, vert.