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Election présidentielle en Moldavie : vers un renouveau démocratique?

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La population moldave était appelée à voter dimanche 30 octobre pour élire son nouveau président, et ce pour la première fois depuis 20 ans. Ancien ministre de l’économie, le candidat socialiste Igor Dodon est sorti vainqueur de ce premier tour avec 48,7% des voix. Au-delà de ce résultat, l’élection présidentielle moldave lève le voile sur un pays grippé par des affaires de corruption, le tout sur fond de tensions sociales et économiques.

Une élection inédite dans un contexte de tensions politiques et sociales

Maia SANDU
La candidate pro-européenne Maia Sandu parviendra-t-elle à renverser la situation lors du second tour de l’élection présidentielle?

Jusqu’en mars dernier, le président moldave était désigné par le parlement. La Cour constitutionnelle a modifié ce processus afin que celui-ci soit soit désormais élu au suffrage universel direct. Dans un pays rongé par les affaires de corruption, cette élection revêt un caractère symbolique. En effet, l’économie toute entière a été secoué en novembre 2014 par la disparition soudaine de près d’un milliard d’euros – soit près de 15% du PIB moldave –  au nez et à la barbe de trois des plus importantes banques du pays. La population s’était alors soulevée pour dénoncer la corruption galopante au sein des élites moldaves, qualifiées d’oligarques. Ce sont ces mêmes citoyens moldaves qui sont à nouveau descendus dans la rue en janvier 2016 pour réclamer la démission du gouvernement alors en place.

Les deux principaux candidats à cette élection présidentielle semblent avoir compris le message. Igor Dodon, le candidat du Parti des socialistes moldaves et proche du pouvoir russe, n’hésite pas à dénoncer l’irresponsabilité du gouvernement pro-européen, qui était à la tête du pays lors de la disparition « du milliard ». L’ancien Premier ministre moldave Vlad Filat, chef de file d’une coalition gouvernementale pro-européenne entre 2009 et 2013, a été condamné en juin dernier dans le cadre de cette affaire. De son côté, la candidate pro-européenne Maia Sandu – qui a obtenu 37,9% des suffrages –  défend le rôle qu’elle a joué contre la corruption des élites au cours de son mandat de Ministre de l’éducation, poste qu’elle a occupé entre 2012 et 2015. Mais elle doit désormais lutter contre l’image ternie des partis pro-européens, désavoués par la population et associés dans les mentalités à cette oligarchie contestée par l’ensemble du pays.

La Moldavie, cet « Etat entre deux mondes »[1]

Ayant acquis son indépendance en 1991, le pays présente à la fois les éléments d’une langue et d’une culture latine – le pays étant proche de la Roumanie —, mais aussi des caractéristiques issues  de l’Église orthodoxe. Cela d’autant plus que l’héritage soviétique en Moldavie est bien perçu.

La Russie est capable d’exercer une influence certaine en Moldavie, mais plusieurs éléments mettent à mal les possibilités d’un soft power russe au sein de ce petit État. En effet, la vision de l’URSS véhiculée dans les mentalités moldaves s’est dégradée après l’intervention de Moscou à Prague en 1968. Par ailleurs, le soutien russe à la Transnistrie et à la Gagaouzie irrite Chisinau et reste un facteur de déstabilisation. Ces éléments sont autant d’éléments qui n’épargnent pas l’image de Moscou auprès de la population. Par ailleurs, les récents soulèvements à l’est de l’Ukraine laissent craindre à Chisinau un possible « effet domino » dans la région Gagaouze.

Se pose ainsi la question d’un possible rapprochement avec l’Union Européenne, notamment visible au travers de plusieurs projets, tels que celui du gazoduc entre Chisinau et Bucarest ou encore la libéralisation des visas moldaves pour circuler dans l’espace Schengen. De plus, l’Union Européenne parvient à exercer une influence académique au sein des sphères universitaires et auprès de la sphère intellectuelle moldave. Du côté du pouvoir politique, les élites moldaves ont pris le parti de se rapprocher de l’Union Européenne, notamment pour des raisons économiques puisque la Russie n’offre que peu de perspectives à long terme, si ce n’est la livraison de gaz. Face au pouvoir de Chisinau, le Parti des communistes de la République de Moldavie est quant à lui plutôt favorable à la Russie, sans pour autant s’opposer frontalement à l’UE. Ainsi, la Moldavie a signé le 27 juin 2014 un accord d’association et de libre-échange avec l’Union Européenne.

L’élection présidentielle moldave met en évidence les enjeux internes et internationaux qui traversent actuellement le pays, mais aussi la région des Balkans dans son ensemble. Le second tour de ce scrutin aura lieu le 13 novembre prochain. Reste à savoir s’il porte avec lui l’espoir d’un renouveau démocratique.

[1] LAMBERT Michael E., « Stratégie de mise en place des soft powers européen et russe en Moldavie après la guerre froide », Etudes l’IRSEM, 2015, p.11.

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