Le débat indépendantiste catalan à l’épreuve des attentats
En réponse aux attentats revendiqués par Daesh qui ont frappé les villes de Barcelone et Cambrils, la Catalogne a organisé samedi dernier une manifestation contre le terrorisme. Cependant, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy et le roi d’Espagne Felipe VI, venus pour témoigner de l’unité nationale face au terrorisme, y ont été hués par certains. Ces deux tragédies vont-elles donc unir ou diviser Catalans et Espagnols ?
La Catalogne tente actuellement de s’ériger en État indépendant, en s’engageant dans un bras de fer contre Madrid. Depuis les consultations populaires de 2014, qui ont donné le « Oui à l’indépendance » vainqueur, la tension ne cesse de grimper entre séparatistes et représentants du gouvernement espagnol. Ainsi, la venue du Roi, garant symbolique de l’unité nationale, et du premier ministre espagnol lors d’une manifestation au slogan catalan « no tinc por » (je n’ai pas peur), envoie un symbole fort d’union face à un ennemi commun. On pouvait y voir une une occasion pour mettre de coté les querelles internes dans le cadre du deuil.
Les attentats créent un nouveau champ de tension au cœur du débat sur l’indépendance
Pourtant, les attentats pourraient bien marquer une nouvelle étape dans l’escalade des tensions entre Barcelone et Madrid. Carles Puigdemont, le président indépendantiste de la Généralité de Catalogne, affirme que ces deux événements ne modifient en rien « sa feuille de route » : un référendum concernant l’indépendance aura bien lieu le 1er octobre. Les autorités catalanes réaffirment donc leur discours indépendantiste, à l’image de la distinction réalisée par le ministre de l’intérieur du gouvernement autonome de Catalogne entre les « victimes catalanes » et « espagnoles » lors de l’énonciation du bilan tragique de 16 morts. De plus, la revendication du groupe terroriste Daesh des attentats « en représailles à l’engagement espagnol dans la coalition en Irak et en Syrie » nourrit les velléités d’indépendance catalane. En effet, l’argument sécuritaire ferait du processus séparatiste une option pour ne plus subir les retombées des décisions de Madrid. A cet égard, les indépendantistes catalans soulignent la capacité des Mossos d’Esquadra, la police catalane, à défendre ses citoyens. Un contrôle routier a ainsi permis à un agent d’abattre les responsables des meurtres.
Toutefois, selon un sondage récent, le « non » à l’indépendance pourrait bien l’emporter lors du référendum du 1er octobre prochain (49% contre 44%). Si les arguments mettant en avant la singularité de l’histoire catalane et de sa culture étaient jusque là proéminents, ces tragiques événements risquent ainsi d’envenimer le débat, qui s’annonce d’ores et déjà électrique.