Biélorussie : protestations multiples après la réélection de Loukachenko
Dimanche, Alexandre Loukachenko, 56 ans, a été réélu président de Biélorussie pour un quatrième mandat avec quasiment 80% des voix. C’est ce qu’a annoncé la Commission électorale, qui a également rendu public un taux de participation supérieur à 90%. Mais l’opposition, loin de saluer un tel plébiscite, dénonce des fraudes importantes. Certains estiment que le score annoncé de M. Loukachenko serait plus de deux fois trop important. Il faut dire que M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a été réélu en 2001 et 2006 sur la base de scrutins suspectés d’irrégularités. Son surnom, « le dernier dictateur d’Europe », n’est pas dû au hasard.
Ces élections ont été suivies, dès l’annonce des résultats, de manifestations massives, mais une violente répression a contré ce mouvement. Dimanche soir, plus de 600 manifestants (sur plusieurs dizaines de milliers) étaient ainsi arrêtés à Minsk, la capitale du Belarus. S’en est suivi l’interpellation de sept candidats (sur neuf) lors de la nuit. M. Loukachenko a rappelé qu’il n’y aurait pas de révolution en Biélorussie. Il a également tenu à déclarer : « Nous avons fait tout le nécessaire pour que la campagne électorale se déroule honnêtement et dans le strict respect de la législation de notre pays ». L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a de son côté indiqué que le décompte des voix avait « manqué de transparence ».
La communauté internationale, Union Européenne en tête, a rapidement condamné la force déployée par Minsk à l’encontre des manifestants, qui risquent d’ailleurs jusqu’à quinze ans de prison pour « troubles massifs à l’ordre public ». Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a notamment demandé à ce que les 639 prisonniers soient relâchés de façon « immédiate ». Alors que la France, l’Allemagne, l’Italie ou encore la Pologne ont indiqué que cette répression était inacceptable, seule la Russie a adopté une ligne de conduite neutre à l’égard de la Biélorussie, Dmitri Medvedev déclarant que les manifestations de dimanche étaient « une affaire intérieure ».
Bien évidemment, cette réélection douteuse risque d’empêcher tout rapprochement du Belarus avec l’Union Européenne, pourtant bien présente à ses frontières. Pourtant, des pourparlers avaient été engagés, et l’Union Européenne devait notamment apporter une aide financière à la Biélorussie, pays qui souffre particulièrement sur le plan économique et condamner à emprunter massivement à l’étranger. Alors que les relations avec la Russie restent très tendues, la Biélorussie risque également de voir l’Europe lui tourner le dos, et de s’isoler encore davantage.