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L’échec de la politique de voisinage russe ?

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Les pays de l’ancien espace soviétique sont un enjeu majeur en matière de politique étrangère pour la Fédération de Russie. Son souhait est de conserver son influence sur ses voisins où des minorités russes habitent, par le concept du « monde russe ». De nos jours, cette politique de voisinage connaît une part d’échec.

L’échec de la politique de voisinage russe ?
La politique de voisinage russe mise à mal par l’influence de l’Union Européenne

L’étranger proche au cœur de la politique étrangère russe

La Russie positionne ses voisins qui appartenaient à l’ancien territoire soviétique, désignés sous le terme « d’étranger proche », au cœur de sa politique étrangère, depuis la chute de l’URSS. Ces Etats sont: l’Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie, les pays baltes, les pays du Caucase et les pays d’Asie centrale. Depuis 1991, Moscou a mis en place une série d’organisations pour préserver et favoriser les échanges avec ses voisins. Le but étant, pour la Russie, de contrebalancer les effets négatifs de la dislocation de l’Union Soviétique. Parmi elles, la Communauté des États indépendants (CEI). Créée en 1991, elle illustre les premiers pas de la politique russe de voisinage en matière d’économie et culturelle. Par exemple, la Russie a demandé que le russe devienne la langue officielle des États membres.

En outre, sous l’impulsion de Moscou, deux organisations économiques ont vu le jour. La création en janvier 2012 de l’espace économique commun (ECC) avec le Kazakhstan et la Biélorussie. Le but des prochaines années est d’y intégrer une grande partie des états de l’Ex-URSS. Deuxièmement, la fondation en 2015 de l’Union économique eurasiatique (UEEA), qui était le projet le plus important du troisième mandat de Vladimir Poutine. En somme, leurs fonctions furent toujours de favoriser les échanges commerciaux par une baisse des frais de douane.

Par ailleurs, la Russie a créé, en 2002, une entraide politico-militaire avec certains de ses voisins par le traité de Tachkent. L’Organisation du traité de sécurité collective siégeant à Moscou prévoit de préserver la paix et la sécurité entre les membres.

Le délitement de l’influence russe sur son voisinage face aux organisations occidentales

Cependant, la réalité montre que ces différentes organisations, orchestrées par la Russie, ont échoué partiellement à maintenir l’influence de Moscou, et à unir l’ensemble des pays de l’espace post-soviétique. Tout d’abord, leurs compositions ne sont pas homogènes, des pays font partie d’institutions et d’autres non. Prenons l’exemple de la Moldavie, pays membre de la CEI, et non-présente dans l’ECC.

Conjointement, certains Etats s’éloignent même de l’influence russe. Les États baltes dont la Lituanie et l’Estonie ont opté pour des politiques européennes et atlantiques en rejoignant l’Union européenne (UE) et l’OTAN, en 2004. Ces deux organisations occidentales, sont, aux yeux de la Russie, ses principales concurrentes au niveau stratégique, militaire et économique. D’autre part, L’Ukraine s’est fortement détournée de la Russie depuis 2014, par la fuite du gouvernement pro-russe en raison de la révolution de Maïdan. Cet éloignement s’illustre notamment par son départ en 2018 de la CEI et par son rapprochement de l’Union européenne et de l’OTAN. Néanmoins, ce pays est toujours en proie à un conflit entre les forces ukrainiennes et les forces pro-russes de Donetsk et Louhansk, si bien qu’une partie de l’Ukraine reste sous une influence notoire du Kremlin. Dernier pays qui semble progressivement s’éloigner, la Moldavie. Le gouvernement pro-russe d’Igor Dodon, fut détrôné en 2020 par la victoire de la pro-européenne Maia Sandu avec 57 % des suffrages. Cette victoire montre une fois de plus le délitement de la sphère d’influence russe sur ses voisins et les échecs de sa politique de voisinage.

Des pays de l’ancien espace soviétique encore proches de la Russie

Toutefois, malgré des résultats assez négatifs, quelques pays dans le voisinage de la Russie lui restent fidèles. La Biélorussie dont les échanges avec Moscou restent très importants, notamment par la création en 1997 de l’union russo-biélorusse. Ce pays est 4ème en matière d’importations et 3ème en matière d’exportations pour l’année 2019. Le Kazakhstan est aussi un important partenaire commercial de la Russie, avec des échanges qui ne cessent d’augmenter. Des projets pour enlever la frontière commerciale sont en cours entre ces deux pays. La Russie par son projet impérialiste, tente de maintenir son voisinage sous sa domination. Moscou joue notamment sur ses ressources naturelles pour faire déchanter toute velléité d’un pays de se rapprocher soit de l’UE soit de l’OTAN et donc des États-Unis.

La situation, peut-elle évoluer ? La Biélorussie qui est pour l’opposante Svetlana Tsikhanouskaïa « La Corée du Nord de l’Europe », connaît depuis quelque temps des soulèvements contre le gouvernement majoritairement pro-russe. La Biélorussie, connaîtra-t-elle la situation de l’Ukraine entre 2013 et 2014 et s’éloignera-t-elle à son tour de la Russie ?

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Gwendal DEBIE

Je suis actuellement étudiant à l'Université Catholique de Lille en première année de master relations internationales parcours Sécurité et Défense. Je suis également membre de l'association les Jeunes IHEDN, depuis cette année.

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