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Élections Tchèques en cours : Qu’en est-il ? Quels enjeux ?

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 En janvier, la population Tchèque est appelée à aller voter pour son nouveau président. C’est une actualité dont on parle peu et qui a pourtant son importance pour l’Union Européenne. L’issue de ces élections peuvent impliquer différents changements pour le pays.

Qui est le président sortant ?

Drapeau Tchèque

Miloš Zeman, à la tête de l’État depuis 2013, a déjà effectué deux mandats de cinq années de présidence de la république ce qui en fait le maximum prévu par la constitution tchèque. A l’internationale, il est souvent considéré comme pro-russe malgré le fait qu’il ait été réélu en 2018 sur un programme pro-UE. Il a notamment exposé son désaccord avec l’union européenne concernant les sanctions prises à l’encontre de Moscou lors de l’annexion de la Crimée. Il faut cependant relever une prise de distance depuis le conflit Ukrainien.

Historiquement, il est le premier président élu au suffrage universel direct (alors indirect jusqu’alors) suite à la révision de la constitution en 2012. Il a modifié et structuré la fonction de président de la république, la faisant passer d’un rôle honorifique à un réel rôle politique.

Qui sont les candidats du second tour ?

Le premier tour s’est déroulé les 13 et 14 janvier derniers. Les deux qualifiés pour le second tour de ce « scrutin majoritaire uninominal à deux tours » sont Petr Pavel et Andrej Babiš.

Élections Tchèques
Courbe rouge : Taux de participation au 1er tour sur les élections de 2023, 2018 et 2013. Courbe bleue : Taux de participation au 2nd tour des élections 2018 et 2013 (le second tour n’étant pas encore passé)

Le premier, ayant obtenu 35,40 % des voix en s’étant présenté sans étiquette, est un ancien militaire. Placé au centre gauche de l’échiquier politique tchèque, il se montre par exemple favorable au mariage homosexuel. D’abord chef d’état-major général de l’armée tchèque de 2012 à 2015 il a ensuite occupé les fonctions de président du comité militaire de l’OTAN de 2015 à 2018. Dans un contexte de tensions au centre du continent, il met en avant ses connaissances et son expérience. Cela lui permet d’apparaître comme le candidat le plus adapté à la fonction. Ses opposants, eux, lui reprochent le fait d’avoir débuté sa carrière dans l’armée communiste tchèque.

Le second, milliardaire et ancien chef du gouvernement, a remporté 34,99 % des voix avec son parti ANO2011 vu au centre-droit. Il est connu pour avoir fait partie des soutiens de Zeman. Il a par ailleurs été le président de son gouvernement de 2017 à 2021. Fait marquant que ses opposants n’hésitent pas à mettre en avant, le candidat a été impliqué dans un scandale après avoir bénéficié d’une aide européenne de deux millions d’euros pour sa société Agrofert, aide destinée aux petites entreprises. Il avait pourtant mené campagne sur l’anti-corruption en 2017.

Pour ces élections le taux de participation a créé la surprise, en effet la population tchèque a montré un réel intérêt pour l’événement. Comme représenté ci-contre, la comparaison de la participation avec les deux élections précédentes est flagrante. La courbe rouge montre le pourcentage de participation au premier tour et la bleue au second.

 

Quels enjeux extérieurs pour la Tchéquie ?

Dans le cas où Babiš est élu, les entreprises tchèques se verraient ouvrir de nouveaux marchés (autres qu’européens). Il est allé jusqu’à proposer de faire jouer son réseau personnel. Au sujet d’éventuels rapprochements avec la Russie et la Chine, Pavel n’est pas contre « traiter » avec Moscou et Pékin. Cependant, avec prudence et à la condition que les choses se fassent toujours unilatéralement avec la communauté européenne. Il met également un point d’honneur à ce qu’il n’y ait plus aucune dépendance dans des domaines stratégiques, faisant référence à la crise énergétique. En somme, garder le dialogue mais ne pas dépendre d’eux.

Pour Babiš il est essentiel de rééquilibrer le rapport import-export avec le géant asiatique. La Tchéquie importerait en effet dix fois plus qu’elle n’exporterait. Concernant la Russie, il préfère garder ses distances en constatant que le dialogue est au point mort. Ils sont tous les deux pour continuer de soutenir l’Ukraine et pour qu’une issue au conflit soit trouvée. Le tout sans compromettre l’intégrité de son territoire.

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Lucas Perard

Passionné de relations internationales, apprenant à l'INALCO en langue tchèque.

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