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Le Portugal choisit la stabilité politique en pleine tempête économique

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Cavaco Silva peut constituer un modèle pour les Sarkozy, Obama et autres Merkel, celui d’une réélection facile, alors même qu’un premier mandat est marqué par une crise économique sans précédent. Les Portugais ont donc choisi la stabilité, ce dimanche, en réélisant dès le premier tour (avec 53% des votes) le conservateur Cavaco Silva comme Président de la République. Silva a été Premier Ministre de 1985 à 1995, il comprend donc bien la tâche difficile que son premier ministre actuel, José Socrates, endure et va continuer à endurer au cours des prochains mois. Signalons la faiblesse de la participation (47% environ). Beaucoup de Portugais ne sont pas allés voter, car les sondages prédisaient une large victoire du Président sortant. On comprend alors ce que ce genre de pratiques peut amener comme dérives, dans des pays « moins » démocratiques…

Les deux vont devoir continuer à limiter les déficits à coups de mesures d’austérité, afin de sortir le Portugal de la crise d’endettement à laquelle il fait face, sous peine de subir l’humiliation du sauvetage organisé par l’UE et du FMI. La réduction de 5% du salaire des fonctionnaires ne suffira probablement pas à intensifier la sortie de crise. Reste que cette élection démontre un choix plutôt rationnel des Portugais : celui de ne pas ajouter à une crise économique sans précédent un chaos politique. Silva fut l’homme qui permit au Portugal d’entrer dans l’UE en 1986. Il est également partisan du dépassement de l’opposition classique gauche-droite (symbolisée par sa bonne entente avec Socrates, au moins jusqu’en 2008).

Cependant, Socrates ne pouvait soutenir un candidat de droite lors de ces élections présidentielles. Il a donc soutenu le candidat socialiste, Manuel Alegre, crédité de seulement 20% des votes. Les deux hommes vont donc devoir cohabiter et mener la barque de leur pays, en affrontant la crise la plus importante depuis 1974, année de la fameuse Révolution des œillets, marquant la fin de la période dictatoriale.

Néanmoins, il convient d’éviter de prendre cette réélection trop au sérieux. Le rôle du Président de la République au Portugal apparait purement formel, et c’est bien José Socrates qui est à l’origine des principales réformes économiques du pays. Or, ce dernier sera en faveur d’une aide internationale, si le Portugal le nécessite, ce que refuse pour le moment le Président réélu. Il pourrait, alors, utiliser son droit de dissoudre l’Assemblée actuelle, plongeant un peu plus le Portugal dans le chaos.

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