L’attentat de Domodedovo enfin revendiqué par des insurgés tchétchènes
Deux semaines après des attentats qui ont causé la mort de 36 personnes, le chef tchétchène Doku Umarov a revendiqué être à l’origine de ceux-ci, dans une vidéo postée sur Internet. « L’émir de l’émirat du Caucase », comme il se fait appeler, est l’un des derniers survivants de la rébellion tchétchène ayant débuté il y a vingt ans. Umarov contrôle les insurgés dans le Sud de la Russie, en Tchétchénie, au Daghestan et en Ingouchie, où il souhaite voir appliquer les principes fondamentaux de la charia dans des Etats islamisés.
La force de frappe des terroristes, on le voit, ne se borne pas à ces Républiques (notamment aux pipelines les traversant), et reste une menace largement pesante pour le gouvernement russe. Là encore, on ne pourrait guère comprendre les différentes attaques perpétrées sans un retour dans l’histoire. A vrai dire, ce mouvement de rébellion est fondamentalement ethnique, puisqu’une bonne part des habitants des montagnes du Caucase a été déplacée de force vers l’Asie Centrale, du temps de l’ère stalinienne. L’indépendance déclarée par la Tchétchénie au moment de la chute de l’URSS n’a jamais été reconnue, et les deux guerres qui se sont succédé n’ont jamais vraiment connu de vainqueur (l’éradication du terrorisme n’a pas été accomplie).
Evidemment, on ne peut que s’interroger sur la pertinence de la politique russe concernant ces Républiques caucasiennes. La rhétorique poutinienne d’aller poursuivre les terroristes jusque dans les « chiottes » (sic) n’a fait qu’exacerber les tensions. L’armée russe a déclaré sa victoire en se retirant du territoire tchétchène en 2009, mais cela ne fait que montrer qu’elle ne pouvait guère faire plus, tant les mouvements insurgés paraissent mobiles et imprévisibles. Kadyrov, le « Président » pro-russe et installé à Grozny par Poutine, apparait dépassé par la situation et ne fait que répondre aux ordres du kremlin. Poutine a réussi ce qu’il devait éviter : transformer les mouvements locaux caucasiens en un groupe armé régional défendant un jihad caucasien. Le Nord-Caucase est devenu un paradis tranquille pour des terroristes opposés aussi bien à la Russie qu’à l’Occident tout entier. Ce qui permet à certains de parler d’un abandon de cette région par la Russie comme la France l’avait fait jadis avec l’Algérie…
Le temps presse pour Poutine. Dans trois ans, Sotchi, toute proche de cette région instable, accueillera les JO d’hiver. Charge à lui d’éviter d’autres carnages…