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Le référendum grec : malédiction ou au contraire chance pour la zone euro ?

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« La volonté du peuple grec s’imposera à nous », voilà la phrase qui fait désormais trembler l’Europe et les bourses européennes. L’annonce d’un référendum par le premier ministre grec Papandréou a eu l’effet d’une bombe, dynamitant les efforts du sommet de Bruxelles. Il faut dire que Papandréou est en quête de légitimité pour faire passer la pilule d’un nouveau plan de rigueur à la population grecque après un an et demi d’efforts ininterrompus et une rue au bord de l’explosion.

Car la paupérisation de la population grecque est une réalité. C’est la fraude quotidienne aux impôts qu’il faut rectifier (près de 25% des ménages n’en payait pas) mais lorsque les salaires sont sabrés et que les taxes augmentent, la situation n’incite pas vraiment à la régularisation. Ainsi, la rémunération des fonctionnaires (près de 700000 en 2011 pour 10 millions de personnes) a été réduite de 20 à 40% et le nombre de fonctionnaires devrait être ramené à 600000 d’ici 2012. La TVA est passée de 19% à 23% y compris sur la restauration et le chômage est de 16,6% en 2011 et devrait passer à 17,5% en 2012. Pour des jeunes appartenant à la « génération 700 euros », ce grand écart est insupportable. La quasi totalité des secteurs économiques se sont mis en grève au moins une fois depuis le début de la crise et les militaires et la police, ayant interdiction de faire grève, protestent en étant moins efficaces. Avec un PIB annoncé en recul de 2% pour l’année prochaine, le gouvernement ne peut aller plus loin dans la rigueur sans risquer une explosion sociale.

Si l’issue du référendum au sujet du gouvernement ne fait pas beaucoup de doutes, l’intitulé de la question et la date du vote sont importants. Le vote est censé avoir lieu avant janvier 2012 mais se tiendra vraisemblablement avant le 28 novembre, date à partir de laquelle la Grèce est en faillite et doit décider de l ‘adoption du plan (et donc de recevoir l’aide européenne) ou de la faillite et donc de sortir de la zone euro. L’intitulé de la question y fera sans doute explicitement référence comme « la Grèce doit-elle sortir de l’euro ? » plutôt que « voulez-vous un autre plan de rigueur ? » car de manière paradoxale, les Grecs sont opposés aux plans européens mais ne veulent pas abandonner la monnaie unique.

Mais un « non » et une faillite de la Grèce pourraient être une opportunité pour la zone euro.

En effet, jusqu’ici, une faillite de la Grèce faisait craindre un « effet domino » sur les autres économies « fragiles » de la zone comme le Portugal ou l’Irlande. Mais ces pays appliquent rigoureusement les plans et s’en sortent bien, si bien que le soutien à la Grèce commencerait peut-être à coûter plus qu’il n’apporte, du moins si les économies espagnoles et italiennes ne sont pas prises pour cible juste après un défaut de la Grèce. Auquel cas, le FESF ne suffirait pas. Signe qui ne trompe pas, la Chine, pourtant confiante le week-end dernier, a annoncé qu’elle s’inquiétait de la situation.

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