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Bilan de l’action de Catherine Ashton à mi-mandat

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Si l’actualité n’épargne pas l’UE et la gestion de la crise par ses dirigeants, les critiques, tant de la part des journalistes que des acteurs privés, se font très dures à l’encontre du Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et Vice-président de la Commission Européenne, mieux connue sous le nom de Catherine Ashton.

Il faut avouer que sa nomination relève plus du hasard que d’une réelle volonté de la part des dirigeants européens. Après de nombreuses tergiversations le choix s’est finalement porté sur la figure parfaite de Mme Ashton, pourtant dépourvue de toute expérience politique de grande envergure. Bref, sa nomination reflète une relative indifférence de la part des leaders européens que l’on pouvait alors analyser comme un manque total de volonté de « muscler » la nouvelle diplomatie européenne pourtant face à des enjeux de taille.

Sur le plan strictement bureaucratique et administratif, on doit reconnaître à Mme Ashton la mise en place du SEAE (Service Européen pour l’Action Extérieure), soit le nouveau service diplomatique européen dont les compétences empiètent sur celles de la Commission Européenne (politique de voisinage, aide au développement, aide humanitaire). Dans la définition de ces compétences spécifiques, Mme Ashton a réussi à s’imposer face au Parlement Européen, mais la Commission a largement gardé la main sur les budgets. Concrètement, la relation entre le SEAE et la Commission Européenne peut aujourd’hui se dire coopérative, mais reste empreinte de méfiance.

Sur le plan purement diplomatique, Catherine Ashton est montée au créneau sur les dossiers secondaires (réconciliation entre la Serbie et le Kosovo, stratégie pour le Sahel, dossier somalien) et a réussi à obtenir pour l’UE un droit de parole à l’Assemblée Général des Nations Unies. Cependant force est de constater qu’elle est restée largement à la traîne sur le principal dossier diplomatique depuis un an : le « printemps arabe », laissant aux principales capitales en coopération avec Washington le monopôle de l’action. Sans parler du projet de l’Europe de la défense qui continue à stagner.

Bilan mitigé donc, qu’il serait trop facile de réduire à une simple erreur de casting.

Difficile en effet de développer une vision diplomatique pour l’Europe « Merkozy » en proie aux guerres intestines de la diplomatie bruxelloise. Aujourd’hui un constat s’impose : le SEAE n’incarne pas une diplomatie plus intégrée avec les Etats membres, mais plutôt une diplomatie à la marge qui comble le vide laissé par un véritable manque de volonté des grandes capitales encore réticentes à confier à Bruxelles une puissante diplomatie communautaire.

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