La crise irlandaise : chronique du dépérissement d’une nation (1/2)
De la zone euro, l’Irlande aura pendant longtemps à peu près tout accepté : la crédibilité, les bénéfices, les privilèges et les avancées, mais aussi un nombre incalculable de doutes, de limites, de gênes et d’incommodités : pays le plus dynamique de toute l’Europe de l’Ouest dans les années 2000, l’Irlande a comme la Grèce été frappée de plein fouet par la crise de la dette souveraine des pays européens, remettant en cause la pérennité même de son avenir au sein de la zone euro : le « Tigre celtique » pourra-t-il se sortir oui ou non, de la crise européenne?
Pays d’Europe occidentale, l’Irlande aura pendant longtemps été, l’un des pays les plus pauvres de tout l’espace européen : indépendante du pouvoir anglais en 1922, celle-ci fut jusque dans les années 1970 rythmée par les famines et par la pauvreté, et ce en dépit des différentes tentatives d’industrialisation de son économie; puis vinrent les années 1970, ère de grands bouleversements pour la société irlandaise toute entière : en 1973, l’Irlande intègre l’Union Européenne et accède à l’immense marché européen, tout en bénéficiant d’un autre coté des vastes subventions financières accordées par l’Union Européenne : libérée de sa dépendance commerciale à l’égard du Royaume-Uni, l’Irlande voit alors son commerce et son industrie commencer à se développer.
Ce n’est néanmoins qu’à partir du début des années 1990 que le véritable décollage économique de l’Irlande apparaît : aidée par un faible taux d’impôt sur les sociétés de l’ordre de 12,5% en moyenne contre 30% pour la France à la même époque, l’Irlande attire des entreprises venues du monde entier, également favorisée par l’importante flexibilité de son marché du travail, la forte productivité des ses facteurs de production tout comme par le prompt développement de sa demande intérieure. L’économie irlandaise se développe, le taux de croissance du pays dépasse les 10% dans la seconde moitié des années 1990 :
De cette période l’Irlande héritera un surnom : celui de « Tigre celtique ».
En 1999, l’intégration de l’Irlande à la zone euro est adoptée, le pays entre alors dans l’ère dans la monnaie unique. Malgré un fort ralentissement de l’activité économique au début des années 2000, en partie dû à la hausse de l’euro et à la crise des TIC – Technologies de l’Information et de la Communication – dont l’Irlande partage depuis la fin des années 1990 intimement le destin (l’Irlande est alors le pays le plus grand exportateur de logiciels devant les États-Unis), la croissance repart dès la fin de l’année 2003 : les exportations reprennent, la croissance irlandaise est alors la plus forte de toute l’Europe avec des taux supérieurs à 4%.
Mais aujourd’hui, l’Irlande n’a plus grand chose à voir avec ce tableau désuet : accablée par un euro fort qui ne cesse de pénaliser ses exportations, détruite par l’éclatement d’une bulle immobilière en 2008 issue de sa prospérité, l’Irlande peine, d’autant plus que l’Irlande doit encore faire face, à la crise souveraine de la zone euro.