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Danke Berlin : l’élection allemande marque le début de la relance par la consommation outre-Rhin

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Alors que les militants quittent les derniers meetings de leurs ténors, les électeurs allemands s’apprêtent à voter demain pour élire leur chancelier. La CDU, parti de la chancelière Merkel, devrait obtenir autour de 40% des voix, loin devant le SPD de Peer Steinbrück qui, selon les derniers sondages, atteint un plus haut à 26%. L’élection de demain revêt deux enjeux politiques : convaincre les indécis évalués à 1/3 des électeurs et former des coalitions hétéroclites pour obtenir une majorité.  Jeu dangereux puisque, les libéraux FDP, alliés de Merkel, pourraient ne pas franchir la barre des 5%, seuil minimum pour entrer au Parlement ! Elle devrait ainsi envisager une coalition avec les Verts  ou une « grande coalition » avec le SPD comme entre 2005 et 2009.

Par-delà le changement probable de ligne politique, cette élection marque l’avènement d’un changement majeur dans la politique économique allemande : un modèle avec une consommation équilibrée. D’ores et déjà, on assiste à une hausse des salaires (SMB pour l’INSEE) en Allemagne supérieure à celle de la France : +2,8% en 2012, contre +2,1% en France. En matière de salaire réel (salaire nominal corrigé de l’inflation), les salaires allemands ont augmenté de 0,7% contre une baisse de 0,1% en France. Les deux modèles économiques commencent à diverger : Paris marche vers plus de compétitivité alors que Berlin court vers une consommation plus solide.

Du reste, cette politique reste très ciblée sur les salaires de l’industrie manufacturière (+3,2% pour les SMB), grâce à la forte négociation des syndicats, et délaisse les services (+1,8% pour l’hébergement et la restauration, ce qui correspond à une diminution des salaires réels de 0,3%). La stratégie allemande ? Déréglementer le marché du travail pour tirer les salaires des services vers le bas (pas de salaire minimum, 8 millions de travailleurs pauvres) ce qui est favorable à l’industrie forte consommatrice … de services. D’où le paradoxe : à coûts du travail dans l’industrie manufacturière quasi-égaux entre les deux bords du Rhin, l’Allemagne tire l’essentiel de sa compétitivité des services ! Outre ces enseignements, les hausses de salaires rencontrées dans l’industrie vont tirer la consommation allemande vers le haut.

Pourtant, c’est surtout un excès d’épargne qui inquiète les autorités allemandes aujourd’hui. Selon un rapport du DIW, le taux d’épargne de la Nation, de 18% en 2000, est passé à plus de 25% en 2007 à la suite du choc de compétitivité de Schröder. Aujourd’hui, il reste très élevé à 24,2%. En investissant à l’étranger, les investisseurs ont enregistré des pertes de 400 milliards d’euros sur la dernière décennie (et ont participé au financement des dettes à taux faibles pour les pays d’Europe du Sud) : à ce prix, autant  investir l’épargne à la maison, d’autant que le taux d’investissement est tombé sur la même période de 20% à 17%, entraînant un sous-investissement dans les infrastructures, la formation, l’énergie, … Aujourd’hui, la relance allemande s’imagine par un drainage de l’épargne nationale vers l’investissement, ce qui contribuerait à relancer la consommation. Au bénéfice de nombreux pays européens !

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