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Haut-Karabakh : le spectre d’un conflit enterré depuis 25 ans

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De soudaines attaques à l’artillerie lourde ont éclaté autour du Haut-Karabakh dont l’autoproclamation d’indépendance, non reconnue par la communauté internationale, a mené à une guerre interrompue par un cessez-le-feu signé en 1994. Cette région azerbaïdjanaise contrôlée par l’armée arménienne connaît une recrudescence de violences, depuis le 2 avril, Bakou et Erevan se renvoyant la responsabilité des premiers tirs. La confrontation russo-turque exacerbée par le conflit syrien n’est pas étrangère à cette intensification des combats dans cette région sensible du Caucase.

Situation du Haut-Karabakh dans le Caucase
Situation du Haut-Karabakh dans le Caucase

Durant la période soviétique le Haut-Karabakh, peuplé majoritairement d’Arméniens a été attribué à la République Socialiste Soviétique d’Azerbaïdjan. Les volontés d’indépendance qui s’y sont succédées suite à la dislocation de l’URSS n’ont pas échappé au Haut-Karabakh, seulement aucun État de la communauté internationale n’a reconnu cette indépendance autoproclamée. Suite au référendum d’autodétermination du 10 décembre 1991, l’armée Azerbaïdjanaise intervint contre les insurgés soutenus par l’Arménie entrainant un conflit qui se soldera par une occupation de ce territoire par l’armée arménienne et un cessez-le-feu signé en 1994 entre les belligérants. Néanmoins, la résolution du conflit est confiée et organisée par le Groupe de Minsk instance créée par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et coprésidé par la France, la Russie et les Etats-Unis.

Une prudence affichée par le Kremlin

La cause de cette reprise des combats d’une intensité sans précédent depuis 1994 se trouve sans nul doute dans la tension diplomatique russo-turque qui sévit, sur fond de guerre en Syrie. Cette région se trouve dans une zone stratégique pour le transport d’hydrocarbures entre l’Iran et la Turquie. Le Caucase constitue une région vitale pour la Russie de Poutine pour des raisons historiques, culturelles et économiques. De cette façon, Moscou cherche à maintenir une stabilité avec ses anciennes républiques caucasiennes en conservant de bonnes relations diplomatiques avec l’Azerbaïdjan et l’Arménie, ainsi qu’en maintenant de bons échanges commerciaux. Pour l’heure la Russie a appelé Bakou et Erevan à respecter le cessez-le-feu établi par le Groupe de Minsk tout comme Hollande et Obama. Cette position traduit une volonté de ne pas entrer dans un nouvel affrontement qui ferait définitivement échouer la résolution du conflit par le Groupe de Minsk et activerait un nouveau point de friction entre Moscou et les occidentaux.

Une prise de position de la Turquie

La Turquie d’Erdogan qui ne fait, quant à elle, pas partie du groupe de Minsk, a pris part dans le soutien de l’Azerbaïdjan dans la reprise du Haut-Karabagh en pointant du doigt l’échec du Groupe de Minsk. Ainsi, Ankara, en s’appuyant sur la légitimité de l’intégrité du territoire azerbaïdjanais reconnu par plusieurs résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, réactive le spectre d’un conflit ethnico-religeux puisque les azerbaïdjanais sont culturellement proches des Turcs (langue, religion). De manière insidieuse, Erdogan cherche également à amener la Russie à intervenir directement dans l’antichambre poutinienne du Caucase afin de prendre position en faveur de l’Arménie – à partir duquel Moscou dispose des bases militaires – en vue de rendre le conflit dualiste. Si bien que la Russie serait incitée à reconnaitre le Haut-Karabakh, à l’instar de l’Ostéite du Sud ou de l’Abkazhie, pour le conserver dans son giron, mais c’est également risquer de se mettre à dos l’Azerbaïdjan tout comme la Géorgie, et donc de perdre de l’influence dans la Caucase. La Turquie profite de son statut de membre de l’OTAN pour se protéger d’éventuelles sanctions diplomatiques et s’assurer une protection militaire des occidentaux, ce qui lui évitera un isolement. Tandis qu’en jetant de l’huile sur le feu caucasien, Ankara cherche à isoler Moscou en ouvrant un troisième front entre belligérants soutenus respectivement par la Russie et l’OTAN (par le biais de la Turquie). D’autant que le risque djihadistes n’est pas à exclure dans une région qui a fourni un contingent non négligeable à l’Etat Islamique.

L’option du statu quo adoptée par le Groupe de Minsk mêlée aux velléités hégémoniques de la Russie de Poutine et de la Turquie d’Erdogan sont les principales causes de la recrudescence de violences dans le Haut-Karabakh. La résolution de celles-ci passera donc par des compromissions ayant un intérêt pour Bakou et Erevan et non pour les puissances étrangères, avant qu’elles ne se transforment en un véritable enfer ethnico-religieux durable.

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