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Le Pérou passe à gauche : le nouveau président s’appelle Ollanta Humala

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Il s’en est fallu de peu (51% contre 49%), mais Ollanta Humala vient de marquer l’histoire du Pérou en devenant le premier président de gauche du pays. En effet, le Pérou semblait l’un des rares pays latino-américains à être « à l’abri » de la vague socialiste dominant le continent depuis une dizaine d’années. Le nationaliste Humala a donc battu la populiste Keiko Fujimori, fille de l’ancien autocrate péruvien Alberto Fujimori, actuellement en prison.

Cette dernière était pourtant soutenue par la majorité des médias, craignant l’arrivée d’une menace rouge incarnée par Humala. Sa courte défaite est certainement due à ses voltefaces successives concernant la remise en liberté de son père. Son programme était une nouvelle application de mesures néolibérales, doublée d’une lutte sans merci contre les délits et crimes quotidiens. De son côté, Humala a dû montrer qu’il n’était pas un Chavez bis, adoucissant son style et se rapprochant des centristes. Il s’est prononcé en faveur d’une plus grande intervention de l’Etat et d’une hausse des taxes sur les exportations des compagnies étrangères. Ce duel n’est que la modernisation de l’opposition qui exista il ya quelques décennies entre avocats du protectionnisme et défenseurs du néolibéralisme, au moment où l’Amérique latine peinait à sortir du Tiers-monde.

Les marchés péruviens avaient peur de l’élection d’Humala. Peur d’un homme qui ne défendrait pas les préceptes chers aux néolibéraux : inflation faible, budgets étatiques équilibrés, etc. Preuve s’il en est que la première tâche d’un nouveau Président à tendance socialiste est de rassurer les marchés, avant sa propre population… Les investisseurs vont donc attendre les premières mesures d’Humala avant de prêter ou d’investir sur le territoire péruvien, rendant plus difficile la tâche du nouveau président. Ce dernier aura d’immenses difficultés à tenir ses promesses électorales sans subir la pression des marchés.

Bref, Humala aura certainement pour modèle le sauveur brésilien Lula. Réguler les secteurs stratégiques (les mines et le pétrole), développer une véritable politique sociale dans un océan de libéralisme économique, tels seront ses principaux objectifs sur les quatre prochaines années, en tentant de faire oublier son passé militaire peu glorieux. Le Pérou peut devenir ce point de passage essentiel sur le Pacifique pour les relations économiques entre la Chine et le Brésil. L’aide des Etats-Unis en matière de terrorisme (contre le Sentier Lumineux, groupe armé péruvien) ou de lutte contre les trafics de drogue sera nécessaire.

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