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Présidentielle égyptienne : Tahrir ne convainc pas dans les urnes

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Aussi incroyable que cela puisse paraitre, les élections présidentielles égyptiennes ont poussé au second tour un ancien ministre d’Hosni Moubarak. OU quand la révolte d’une partie du peuple égyptien « n’aurait » servi à rien…

Premières élections présidentielles « libres » depuis des décennies en Egypte, avec un sort fort inattendu. Le second tour mettra aux prises le représentant des Frères musulmans Mohammed Morsi à l’ancien proche de Moubarak Ahmed Chafik. Un vrai duel de styles, choisi par moins de la moitié des votants, eux-mêmes représentant seulement 46% du corps électoral du pays. Autant dire que le vainqueur de l’élection ne pourra pas se targuer d’être le « Président du peuple », et devra se contenter de la seule bonne nouvelle politique : un scrutin respectant, grosso modo, les préceptes de la liberté de vote et de la démocratie.

On connait très mal ces deux finalistes. Il vaut mieux se fier à la ligne directrice de leur parti pour mieux les analyser. Morsi, digne représentant des Frères musulmans, puissance politique forte depuis soixante ans, et ayant traversé difficilement l’ère Moubarak, proclamera la charia s’il est élu. En face, Morsi propose un programme plutôt occidentalisé, axé sur la sécurité qu’il proposera face au chaos et l’instabilité pensés par le camp d’en face.  Mais, plus clairement, les Egyptiens auront à répondre à une seule véritable question : veulent-ils un retour à une forme de pouvoir à la Moubarak (le clanisme, malgré tout, en moins) ou l’imposition de la charia ? Face à ces propositions fortes alléchantes, les rumeurs d’une très forte abstention au second tour se font de plus en plus pressantes.

Le compromis comme une possible solution viable à terme ?

Pour les observateurs étrangers, il sera intéressant d’analyser le comportement des votants. Agiront-ils primairement, en boycottant le vote pour la majorité ? Ou iront-ils, indirectement, dans le sens d’un gouvernement de coalition ? En effet, le futur Président, de par les chiffres exposés plus haut, ne pourra décemment pas gouverner seul. Il devra s’entourer des représentants des autres forces politiques du pays pour sortir l’Egypte de plus d’une année de troubles. De plus, le score des Frères musulmans est à relativiser. Certes, ils n’étaient pas les seuls à mettre la religion au centre du débat politique. Mais leur score montre bien qu’il y a une grande différence entre être au cœur de la contestation et être pensé comme un parti politique ralliant la majorité des suffrages des contestataires.

Au final, il est difficile de voir si les Egyptiens recherchent en premier lieu la stabilité, ou bien la continuité dans le changement. Sans réponse claire, il est évident que l’avenir du pays sera troublé, voire chaotique. D’ici le second tout, les Frères devraient adopter un discours plus modéré, ralliant les révolutionnaires déterminés et les libéraux, laissant à Chafik ceux voulant la stabilité, mais aussi ceux qui sont plus effrayés par les Islamistes que par le retour à l’ère Moubarak. Une chose est sûre : la transition politique, déjà bien initiée, est malgré tout loin d’être achevée.

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