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En Iran, l’asphyxie commence à se faire sentir

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La pression « américano-européo-saoudienne » sur le pays des ayatollahs commence à se faire sentir : l’Iran, qui refuse de plier sur son programme nucléaire, n’arrive plus à vendre son pétrole.

La situation devient véritablement alarmante pour le pays. On estime que les exportations iraniennes d’or noir ont diminué de plus de 25% depuis le début de l’année (soit une perte sèche d’environ dix milliards de dollars). Et encore, ces chiffres ne reflètent pas encore l’embargo européen, entré en vigueur dimanche dernier.

L’Iran tire plus de la moitié de ses revenus de ses exportations de pétrole. Le budget de l’Etat va être sérieusement amputé, et les aides sociales vont probablement représenter le premier poste à subir des coupes. Cela ne manquera pas de nourrir une grogne sociale dont les frustrés de la Révolution Verte se saisiront, avec, à la clé, un hypothétique renversement du régime. C’est, pour les dirigeants occidentaux, le scénario rêvé : à la fois (trop) simple et efficace.

Et pourtant, que de travail pour en arriver là : l’Iran est aujourd’hui englué dans une toile que les diplomates américains, européens et saoudiens ont mis plus d’une année à tisser. Une toile apparemment solide.

L’embargo sur le pétrole iranien repose sur deux piliers. Tout d’abord, la pression diplomatique « classique » : les pays important du pétrole iranien s’exposent à des sanctions de la part de communauté internationale. Preuve en est, mercredi dernier, le Kenya a annulé un contrat d’importation de 80 000 barils/jour de pétrole iranien suite aux pressions britanniques.

Cette pratique s’accompagne d’une deuxième, bien plus importante : le soutien de l’OPEP et surtout de l’Arabie saoudite à l’embargo. Ces pays s’engagent à remplacer le pétrole iranien sur le marché. Ils produisent donc plus, et empêchent ainsi la hausse des cours qu’aurait normalement du provoquer l’embargo. Pourquoi acheter iranien et s’attirer les foudres de la communauté internationale, quand on peut trouver ailleurs du pétrole au même prix ?

Sans cette mesure, l’embargo n’aurait pas pu être viable,  car trop cher pour les pays qui le respectent.

La réaction iranienne révèle bien l’impasse dans laquelle se trouve le pays. Le gouvernement en est réduit à repeindre les tankers iraniens et à falsifier les documents pour masquer l’origine des navires. Alors que depuis des mois, le gouvernement se moque ouvertement des sanctions, M. Ahmadinejad a reconnu mardi que le « coup était rude ».

L’embargo est donc une réussite, mais quid de la suite des évènements ? Pour le véritable leader du pays, le guide suprême Ali Khamenei, la solution la plus simple est probablement de « sacrifier » Ahmadinejad, à plus ou moins brève échéance, tout en reculant sur le nucléaire. Il suffit de présenter le « dossier nucléaire » comme l’échec personnel du président Ahmadinejad. Cette solution permettrait d’échapper aux sanctions (et donc à l’agitation sociale) tout en sauvegardant la légitimité du régime aux yeux de l’opinion publique.

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