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La Jordanie, terre des réfugiés

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Plus de 6 000 syriens auraient fuit leur pays pour rejoindre la Jordanie ces deux derniers jours, portant à 300 000 le nombre de réfugiés syriens sur le sol de la monarchie hachémite. Face à cette situation, le roi de Jordanie, Abdallah II, a tiré la sonnette d’alarme au forum économique de Davos, appelant la communauté internationale à prendre conscience de la situation et à aider Amman à prendre en charge ces réfugiés.

Pour prendre conscience de la situation, il faut comparer ces 300 000 réfugiés arrivés ces deux dernières années à la population jordanienne, 6,5 millions d’habitants. A titre de comparaison, c’est comme si la France devait brutalement accueillir 3 millions de réfugiés sur son sol !

Il s’agit donc bel et bien d’un effort colossal que doit fournir ce petit pays dépourvu de pétrole à l’économie encore fragile (13% de chômage). Il semble donc normal que le Haut Commissariat des Nations Unis aux Réfugiés, par la voix de Mme Fleming, ait emboité le pas au souverain jordanien en appelant à une aide internationale conséquente.

Cette situation, à première vue limpide, cache en réalité une situation géopolitiquement plus complexe, car la Jordanie a toujours joué un rôle des plus troubles dans la région.

Tout d’abord, notons que la Jordanie est essentiellement un pays de réfugiés, car outre les Arméniens, les Turkmènes, les Circassiens et les Tchétchènes, ce sont les Palestiniens réfugiés des conflits avec Israël, qui représenteraient à eux seuls entre 40% et 60% de la population du pays !

Le roi Hussein, le père du roi Abdallah II, a habilement su jouer de la présence de ces réfugiés palestiniens pour utiliser le concept de rente diplomatique et jouer sur deux tableaux à la fois.

En effet, l’accueil des palestiniens sur son sol justifie l’aide des pays arabes, bien obligés d’aider celui qui serait le « bienfaiteur des palestiniens » (expression malheureuse quand on pense au Septembre Noir de 1970, quand, du fait de l’activisme des groupes terroristes palestiniens sur son sol, le roi Hussein décida une répression sanglante).

Dans l’autre sens, le pays jouit d’une aide importante des Etats-Unis, véritable récompense accordée au roi Hussein pour son inaction (relative) dans le conflit israélo-arabe (signature de la paix en 1993). Cette aide, si elle ne fait pas sortir le pays de la pauvreté, permet néanmoins de nos jours au roi Abdallah d’entretenir une armée qui représente en effectif 7,1% de la population active, pour un budget militaire de 5,2% du PIB (plus que la Syrie !). Des chiffres étonnamment importants pour un pays décrit comme un « ilot de stabilité » dans une région troublée.

Ce n’est pas par ce que la générosité jordanienne a souvent été intéressée (et toujours limitée) que la communauté internationale doit rester de marbre devant l’appel du roi Abdallah. Bien au contraire. Si la Jordanie n’est pas aidée, elle refusera d’accueillir plus de syriens, abandonnant ces derniers au dénuement le plus complet.

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