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Quel avenir pour les Frères musulmans égyptiens ?

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Chassé du pouvoir par l’armée la semaine dernière, le parti le plus important d’Egypte parait désormais aux abois, certains de ses membres éminents étant en prison. Le parti est-il voué à retomber dans le silence comme lors des années Moubarak ? Va-t-on assister à une séparation nette entre les « modérés » et les « extrémistes » ? Tentative de réponse.

Deux tendances sont a priori possibles. Certains Frères, de peur de passer par la case prison, ou déçus par la tournure des derniers événements, seront amenés à mettre de côté leur orgueil, réfléchir sur leurs erreurs et tenter de s’organiser à nouveau, peut-être clandestinement, en attendant une éventuelle rédemption. La deuxième tendance, plus inquiétante, serait celle de pourrissement de la situation. Choqués d’avoir été destitués après avoir été élus à l’issue d’élections « libres », souhaitées par un Occident qui a poussé pour leur départ, ils pourraient engendrer des mouvements violents, si bien qu’aujourd’hui, une guerre civile, suivant l’exemple algérien de 1991, n’est pas une piste à écarter.

Une sécession possible, souhaitée par beaucoup, mais fortement risquée

Toutes les autres instances du pays souhaiteraient, intérieurement, une sécession nette du mouvement le plus puissant du pays. L’abandon de la violence, donnée en gage aux citoyens par le parti il y a quelques années, est menacé. L’influence, en sous-sol, des groupes liés à Al-Qaida demeure prégnante.  Face à cette radicalisation possible, certains « modérés », pensant encore, malgré les événements, que l’islam est compatible avec le concept occidental de démocratie, pourraient voir que ces quelques mois de Présidence ont fortement déçu les Egyptiens. Et que le renversement, fût-il antidémocratique, ne s’est pas produit ex nihilo. Ils pourraient en tirer les conséquences, voir que l’élection de Morsi n’a été rien d’autre qu’un choix par défaut, voir que ce Président a beaucoup plus fait pour les Frères que pour le peuple.

De ces deux cas de figure, semble-t-il les plus probables, quelques conclusions pourraient être tirées. Le boycott des futures élections parait possible, de la part des deux branches exposées plus haut. L’échec de Morsi  apportera de l’eau au moulin de tous les Frères pensant que l’accession au pouvoir ne passe que par la violence et le rejet des oppositions. Quant à eux, les gouvernants de cette énième nouvelle Egypte seraient bien avisés de ne pas exclure les Frères du prochain processus d’élections, leur poids et la sympathie au sein de la communauté égyptienne demeurant fortement marqués.

Les principaux déterminants du futur politique égyptien pourraient bien être les puissances étrangères. L’Occident, en ne condamnant pas la destitution de Morsi, (notamment les Etats-Unis, qui ont également suspendu leur aide bilatérale) a fait le choix d’espérer que les nouveaux dirigeants seront plus à l’écoute de la voix du peuple. Cette voix du peuple, censée s’exprimer pour les Occidentaux au sein d’une démocratie, sera-t-elle suffisamment forte pour briser définitivement les rêves d’islamisation généralisée du pays, souhaitée par certains ?

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