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Syrie : un tournant géopolitique historique ?

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Le parlement britannique a hier rejeté la demande d’intervention militaire présentée par David Cameron… Ce lourd camouflé  envers David Cameron sonne comme une gifle pour Obama : à l’heure actuelle, seule la France se déclare prête à agir aux côtés des Etats Unis.

La décision des Communes n’est, en elle-même, pas une énorme surprise. Londres a payé en Irak un lourd tribut en accompagnant tête baissée l’armée américaine. Chat échaudé craint l’eau froide.

Parallèlement, le président Hollande a souligné que la France « est prête » et qu’elle se tiendra aux côtés de son allié américain… Une déclaration à double sens : certes la France est résolue à agir, mais elle ne le fera pas seule, elle n’en prendra pas l’initiative, et elle se contentera d’appuyer les forces américaines.

Enfin, l’Allemagne, dont le gouvernement n’a pas été le dernier à appeler à une punition contre le régime d’Assad, a annoncé par la voix de son ministre des affaires étrangères que la participation de Berlin « n’a pas été demandée par Washington et n’est de toutes façons pas envisagé par le gouvernement ». On ne peut être plus claire.

Ainsi, la situation de ce vendredi contraste fort avec celle d’il y a deux jours : après les discours belliqueux, les puissances occidentales sont retombées dans l’hésitation et les atermoiements. On peut avancer trois raisons principales pour expliquer ce changement de ton.

La première, c’est qu’une intervention ne pourrait a priori pas se faire avec l’aval du conseil de sécurité de l’ONU, du fait de l’opposition russe et chinoise. Un problème politique pour Obama, qui ne veut pas enfiler les mêmes rangers que son prédécesseur… On attendra donc probablement le rapport des inspecteurs de l’ONU pour agir, pour la forme.

La seconde explication est déjà plus significative : la Chine, et surtout la Russie, ont décidé de poursuivre le bras de fer diplomatique avec l’Occident, et refusent donc l’idée d’une intervention, arguant (chose cocasse dans la bouche de M. Poutine), que l’usage de violence ne pourrait qu’envenimer la situation.

Enfin, cela a été vu dans un article précédent, la capacité d’intervention des Etats-Unis et de ses alliés est très limitée dans un contexte difficile.

A l’heure actuelle, l’ambition des puissances interventionnistes (Etats-Unis et France) a donc été revue à la baisse. On se remet à dire que la solution politique (un épouvantail d’une hypocrisie achevée) est la meilleure, tout en essayant de garder un ton martial pour ne pas paraitre faible aux yeux des opinions publiques locales.

Le tournant est de taille : les Etats-Unis d’Amérique ne peuvent pas intervenir comme bon leur semble, à la fois car ils n’en ont pas la capacité (les coupes dans le budget du Pentagone se font sentir), car ils n’en ont plus la pleine volonté (Obama représentant l’antithèse géopolitique de Bush) et car on ne les laisse plus faire.

L’époque où l’Occident faisait la loi dans autour du globe semble bel et bien révolue.

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