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L’Etat islamique : une expansion internationale croissante (1/2)

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L’Etat islamique (EI) avait construit son originalité sur un djihad territorial avec la mise en place d’un califat. Toutefois, les limites à son expansion en Irak et en Syrie l’obligent à renouveler sa stratégie en s’ouvrant au djihadisme transnational.

Une carte représentant les territoires visées pour l'instauration d'un califat mondial par les membres de l'EI
Une carte représentant les territoires visées pour l’instauration d’un califat mondial par les membres de l’EI
En proclamant le califat, l’EI innovait dans la sphère djihadiste en proposant un territoire aux djihadistes du monde entier, et la construction d’un véritable « Sunnistan » sous l’apparence d’un quasi-Etat. Cela a contribué à son fort attrait et a braqué les projecteurs du monde entier sur ce nouvel espace du djihadisme moyen-oriental. S’il va être difficile pour la coalition internationale de reprendre les territoires conquis par l’EI, il est également peu probable que l’EI réalise de nouvelles conquêtes territoriales massives. Pour ne pas paraître en perte de vitesse, l’EI entre progressivement dans le champ qui était auparavant la marque d’Al-Qaïda : celui du djihadisme transnational, déterritorialisé.

Ce tournant progressif vers l’international de l’EI inquiète différents acteurs. Tout d’abord, les Etats occidentaux, chez qui la menace d’attentat est réelle, et les Etats déjà en proie à l’islamisme radical. Al-Qaïda (dont l’EI est déjà né d’une scission) voit en Daesh un concurrent direct pour l’influence sur le djihadisme mondial. Enfin, des groupes rebelles locaux, des mouvements de résistance implantés sur une zone qui ne veulent pas de l’arrivée de l’EI sur leur territoire (comme les Talibans).

Une internationalisation sous différentes formes

L’expansion de l’EI à l’international se traduit par des liens plus ou moins réels avec l’organisation. En effet, chaque serment d’allégeance à l’EI est à comprendre dans un contexte particulier avec des objectifs et des répercussions très variables. Un groupe ayant revendiqué ses liens avec l’EI ne signifie pas pour autant qu’al-Baghdadi ait une réelle influence sur l’action de ce groupe sur le terrain. Les récents attentats en France illustrent cet aspect : des personnes peuvent s’inspirer de Daesh sans avoir eu de liens directs avec l’organisation (bien que souvent soutenus par des réseaux organisés). Un groupe terroriste local peut se proclamer rattaché à l’EI sans pour autant que Daesh ne lui ai donné son accord.

L’allégeance d’un groupe à l’EI peut signifier différentes choses. Elle peut être purement opportuniste afin de bénéficier de l’effet Daesh et ainsi accroître sa notoriété dans la sphère djihadiste. L’allégeance est parfois symbolique, en signifiant son adhésion à la doctrine et aux objectifs de Daesh. Puis l’EI intervient également directement dans certains cas auprès de ses « vassaux », qu’il peut soutenir en leur fournissant armes, argent et hommes de main ou simplement un soutien public important. On considère ici que c’est le cas pour six pays : Libye, Egypte, Algérie, Tunisie, Nigéria et Yémen.

Au total, c’est aujourd’hui près d’une trentaine d’organisations qui soutiennent ou ont prêté allégeance à l’EI. C’est le signe d’une convergence actuelle entre des groupes insurrectionnels marqués par l’islam radical, le rejet de l’Occident, la volonté d’instaurer un califat par la violence. Une transnationalisation du djihad qui ne doit pas faire oublier le poids dans son action des enjeux locaux, nationaux et régionaux.

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