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Changement de stratégie pour la diplomatie française en Syrie

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Le président français, François Hollande, qui annonce des frappes aériennes en Syrie.
Le président français, François Hollande, qui annonce des frappes aériennes en Syrie.

Lundi dernier, le 14 septembre, le président français a annoncé que l’armée française allait s’impliquer davantage dans la lutte contre Daech notamment par des frappes aériennes sur le territoire syrien.

Cette annonce de François Hollande marque un tournant puisqu’il y a pratiquement deux ans, à l’été 2013, la France était sur le point d’intervenir en Syrie contre Bachar el-Assad. Aujourd’hui elle intervient contre Daech. Afin de lutter contre Daech, il y a un an, la France annonçait qu’elle allait intervenir militairement par des frappes aériennes mais seulement en Irak. François Hollande disait alors « nous condamnons le régime de Bachar el-Assad. Mais nous ne pouvons pas, malgré la présence de Daech en Syrie, prêter notre action pour ce régime dictatorial ». La position française était alors celle du « ni-ni » : ni le régime syrien au pouvoir, ni Daech. Il s’agit de la nouveauté qu’a annoncé le président français : l’ennemi français est aujourd’hui davantage le groupe terroriste Daech que le régime dictatorial de Bachar el-Assad. Ainsi la position française évolue dans un premier temps le 7 septembre dernier où le président annonce, lors d’une conférence de presse, que des vols de reconnaissance auront lieu au-dessus du territoire syrien. Dès le lendemain ce sont deux chasseurs Rafale qui ont effectué un vol de 6h30 afin de collecter des informations. Un autre avion, l’Atlantique 2 de la Marine, a également survolé le territoire syrien le surlendemain de cette annonce. Suite à ces vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie, la France passe à une autre étape : celle de réaliser des frappes aériennes sur le territoire syrien. François Hollande a justifié cette position lundi dernier par le fait de la « nécessité » de réaliser cette action puisqu’il affirme « nous avons annoncé des vols de reconnaissance permettant d’envisager des frappes si c’était nécessaire, et ce sera nécessaire en Syrie ».

Pourquoi ce revirement de la diplomatie française ?

Le premier argument annoncé par les autorités françaises, et notamment François Hollande, est celui d’empêcher des attentats sur le sol français : « Aujourd’hui, en Syrie, ce que nous voulons, c’est connaître, savoir ce qui se prépare contre nous et ce qui se fait contre la population syrienne ». En effet selon les autorités les attentats de janvier dernier ainsi que celui déjoué dans le Thalys ont tous un lien avec le djihadisme et certains ont même été revendiqués par Daech. Ensuite c’est en Syrie que Daech possède ses plus grosses installations et non en Irak. Les services de renseignement français ont acquis la preuve que des jeunes, notamment français, sont formés en Syrie lors de véritable stages d’entrainement sur le territoire syrien. Puisque le groupe terroriste Daech possède ses principales organisations sur le territoire syrien il apparaît normal que la France ne se concentre plus seulement sur l’Irak.

Au final la diplomatie française a infléchi sa position qui était celle de la non-intervention en Syrie contre Daech puisque cela serait « aider » le régime de Bachar el-Assad. Avec ce changement de cap la diplomatie française a fait preuve de réalisme puisqu’elle a considéré que le groupe terroriste Daech était plus dangereux pour les intérêts français que le régime syrien qui est en place. Même si la France ne veut pas « aider » Damas, une coopération est nécessaire afin de trouver une solution face à la menace que représente Daech. De plus, en effectuant des opérations sur le territoire syrien, la France s’affirme davantage dans la lutte contre le groupe terroriste et souhaite être un acteur dans les négociations internationales aux côtés des autres acteurs du conflit. La diplomatie française a admis le fait que pour trouver une solution à ce conflit il fallait associer Bachar el-Assad aux négociations tout comme ses alliés que sont la Russie et l’Iran. Toutefois, pour lutter contre Daech, la France n’envisage pas, pour le moment, une intervention au sol de la part de ses troupes.

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