Toujours pas de solutions au Yémen
Neuf mois après l’entrée en guerre de l’Arabie Saoudite et de ses alliés au Yémen, aucune décision majeure n’a été prise sur la sortie du conflit. Les dernières négociations qui se déroulaient en Suisse cette semaine n’annoncent aucune sortie de conflit.
A l’image de la Syrie, le Yémen est en proie à une véritable guerre civile qui dure depuis le début de l’année 2015. Le pays est divisé et des influences extérieures s’y affrontent par des intermédiaires. D’un côté se trouve une coalition de 10 pays essentiellement sunnites, à l’exception des Etats-Unis qui fournissent le renseignement, menés par l’Arabie Saoudite et soutenant le président Hadi. De l’autre, l’ex-président Saleh est allié à des rebelles houthistes se réclament du Zaïdisme, une branche du chiisme, et sont soutenus par l’Iran.
Le Yémen illustre donc parfaitement la guerre par interposition que se livre l’Arabie Saoudite et l’Iran pour l’influence dans la région. Celle-ci étant d’autant plus exacerbée par la religion puisqu’à travers ces deux Etats ce sont le sunnisme et le chiisme qui s’expriment, chaque Etat étant le leader de ses deux courants. A côté de ces deux groupes, un troisième acteur est présent : le groupe djihadiste AQPA (Al Quaïda dans la Péninsule Arabique) au sud du pays. Le groupe profite non seulement de l’affrontement entre les deux autres acteurs – les frappes aériennes saoudiennes n’ont pratiquement pas visé leurs positions – mais également du fait de leur nouvelle stratégie plus politique visant à s’intégrer dans le champ politique local. Cette guerre civile au Yémen est violente puisqu’elle a fait depuis neuf mois plus de 6000 morts et environ 25 000 blessés. Afin de tenter de la résoudre, et face à l’échec des précédentes négociations en juin dernier, de nouveaux pourparlers ont débuté cette semaine à Genève sous l’égide de l’ONU. L’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, des experts de l’ONU et 24 représentants et conseillers yéménites participent à ces pourparlers. Cependant, ces négociations s’annoncent tendues puisque le cessez-le-feu entré en vigueur avant le début des négociations n’a pas été respecté des deux côtés. Des sources proches affirment que les négociations piétinent à propos de divergences sur la libération de hauts responsables du gouvernement du président sortant Hadi.
Une guerre qui s’éternise : un échec pour le nouveau roi Salman
Le roi Salman, intronisé le 23 janvier 2015, a déclenché deux mois après son arrivée au pouvoir l’opération « Tempête décisive ». Cette guerre, devait permettre à son fils « préféré », Mohammed bin Salman nommé ministre de la Défense – âgé d’une trentaine d’années et ne possédant aucune expérience militaire -, de conduire la guerre et de remporter un succès qui pourrait le légitimer à ce poste. Le début de la campagne militaire lui a permis de fédérer ses soutiens face à l’expansionnisme iranien dans la région. Toutefois, la résistance de la rébellion houthiste ne lui a pas permis d’avoir des résultats décisifs. Ainsi, des critiques commencent à se faire entendre notamment de la part des familles d’origine yéménite voyant la destruction de leur pays d’origine. Face à la perte de plus en plus de ses soldats, d’autres critiques affluent. L’Arabie Saoudite est alors obligée de sous-traiter cette guerre à d’autres pays de la coalition comme la Somalie ou le Sénégal en contrepartie d’échanges économiques. L’enlisement de la guerre au Yémen ne profite donc pas au nouveau roi saoudien, ni à son fils le Ministre de la défense, qui font face à de plus en plus de critiques au sein de leur royaume.