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Les Abbassides : de l’âge d’or de l’islam à l’effritement

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La valse des empires musulmans (2/8). La dynastie des Abbassides prend le pouvoir en 750. Originaire d’Asie centrale, son premier calife Abu Abbas as-Saffah se réclame descendant du calife. Il installe la première capitale à Koufa, dans l’actuel Irak.

L'Empire abbasside, l'apogée des empires musulmans.
L’Empire abbasside vers 820 (wikimedia).

Une idée de rupture

Dès le début, les intentions sont claires. Il faut se démarquer de l’Empire omeyyade tant sur le plan géographique qu’idéologique. Ainsi, l’Empire abbasside se tourne vers l’Orient, et fait passer la partie ouest de l’empire au second plan. Le premier calife est un homme du Khorassan, région perse d’Asie centrale. L’Irak devient le cœur de l’empire, au détriment de la Syrie. Les Abbassides souhaitent rétablir un pouvoir fondé sur la parole de dieu, parole qui aurait été détournée et salie par l’Empire omeyyade.

Avec l’arrivée au pouvoir d’un califat qui leur est plus favorable et qui promet de mettre fin à leur marginalisation, les Perses se convertissent à l’islam en masse. Beaucoup rejoignent les hauts rangs de l’administration en apportant avec eux l’expérience administrative léguée par l’ancien Empire sassanide. De nombreux juifs et chrétiens se convertissent également, ne souhaitant pas se faire marginaliser socialement.Dans un même temps, on assiste à une hausse rapide d’une population arabophone, au détriment des autres langues anciennes de la région. L’empire se veut aussi beaucoup plus décentralisé que ne l’était celui des Omeyyades, les émirs (gouverneurs régionaux) ayant davantage d’indépendance et de marge de manœuvre.

L’âge d’or

La nouvelle capitale Bagdad, fondée en 762 par le calife Al-Mansur, devient un centre intellectuel et économique sans commune mesure. Même l’empire chinois des Song, réputé très avancé, n’atteint pas ce niveau. La capitale, inspirée de l’architecture perse, est une ville ronde, symbole du centre de l’univers. Elle se situe au nord de la ville de Cistéphon, capitale de l’ancien Empire sassanide. Cela révèle l’influence qu’a pu avoir la Perse sur les choix de l’empire. La Bayt al-Hikma (« maison de la sagesse ») est l’un des grands symboles de la prospérité intellectuelle de la ville. Des traducteurs, des scientifiques, des philosophes du monde entier viennent s’y ressourcer et échanger sur leurs travaux.

Le calife Harun al-Rachid (r. 786-809), cinquième calife des Abbassides, représente l’âge d’or de la dynastie. Il est réputé pour aimer les femmes, l’art, la poésie mais aussi la guerre.

Perte du pouvoir califale et effritement

Dès le début de son règne, la dynastie abbasside doit faire face à des révoltes et des soulèvements. L’empire se voit obligé de donner une grande autonomie à certains territoires, voire, dans certains cas, de reconnaître leur indépendance. C’est par exemple le cas en l’Espagne en 756, en Afrique du Nord en 800, puis pendant le IXe siècle en Asie centrale avec les Tahirides, les Saffarides, les Samanides ou encore les Toulounides.

La multiplication de royaumes ou d’empires éphémères, due notamment à la transformation de l’armée abbasside, accélère la perte d’influence califale. C’est sous le règne du huitième calife al-Mutasim (r. 833-842) que l’armée change considérablement de forme. Al-Mutasim choisit en effet de recruter sa garde rapprochée parmi des soldats prisonniers d’Asie centrale, dont bon nombre sont Turcs. On les appelle les Mamelouks. Ces derniers ne sont pas bien acceptés par la population de Bagdad. Le calife choisit de déplacer la capitale de l’empire à Samarra mais la situation continue de se dégrader, les Mamelouks ayant acquis une autonomie très forte. La capitale revient d’ailleurs bien vite à Bagdad.

L’influence grandissante des Mamelouks

Si les Mamelouks sont les faiseurs de roi à Bagdad, ils ne remettent jamais en cause l’autorité califale qui leur permet de se légitimer auprès de la population et du reste de l’empire. On observe le même phénomène avec d’autres dynasties qui se succèdent entre le Xe et le XIIe siècle, comme les Bouyides (945-1055) et les Seljoukides (1055-1194). Cependant, le rôle du calife devient de plus en plus symbolique.

Cette perte de l’autorité califale entraîne une baisse des taxes récoltées au sein de l’empire. La machine bureaucratique devient de plus en plus difficile à faire fonctionner, ce qui encourage certains territoires à prendre leur indépendance ou à revendiquer une semi-autonomie comme les Almohades au Maghreb ou les Fatimides en Égypte.

Des dynasties sunnites d’origine turque et kurde créent également leur propre dynastie à partir du XIIe siècle, se revendiquant autonome mais reconnaissant le calife à Bagdad. La dynastie des Ayyubides, dirigée par le célèbre Saladin, prend le relais des Fatimides en Égypte. Ces dynasties se construisent et forgent leur identité en faisant face aux états latins d’Orient, résultats des croisades européennes. Sous ces dynasties semi-indépendantes, les innovations politiques et les avancées culturelles ne cessent de se renouveler.

A Bagdad, après la chute de la dynastie des Seljoukides et malgré le règne efficace du calife al-Nasir (r. 1180-1225), l’empire continue son long déclin. Les Mongols, emmenés par Hügelü, déferlent sur Bagdad en 1258 et rasent la ville. Pour autant, la dynastie ne disparaît pas puisqu’un successeur abbasside est emmené au Caire par les Mamelouks qui cherchent une légitimité religieuse à leur pouvoir. Son rôle ne sera que purement symbolique.

Ressources :

Mantran, Robert. « Les Abbassides : l’Empire musulman », , L’expansion musulmane. VIIe-XIe siècle, sous la direction de Mantran Robert. Presses Universitaires de France, 2001.

Abdel Hakim Boutrif, « Abrégé de l’Histoire Des Abbassides: Principaux évènements sous leurs Règnes – Volume I », publication indépendante, 2018.

Dominique Sourdel, « L’État impérial des califes abbassides », collection Islamiques, PUF, 1999.

Les clés du Moyen-Orient : Etat Abbasside : l’empire de l’islam à son apogée, 2012.
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Etat-abbasside-750-945-l-Empire-de-l-Islam-a-son-apogee-Premiere-partie.html

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Pablo MENGUY

Ancien étudiant en école de journalisme, aujourd'hui en master à l'Institut français de Géopolitique (IFG).

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