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Le Bahreïn, parent pauvre de la révolution arabe

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Le Bahreïn n’a pas connu le changement opéré lors des autres révolutions arabes. Malgré de nombreuses mobilisations depuis un an, La famille régnante sunnite des Al-Khalifa continue à exercer une répression sans faille et c’est notamment la communauté chiite, pourtant majoritaire, qui en subit les conséquences.

Au printemps 2011, la place de la Perle, de Manama (capitale du royaume), avait été l’étendard des mobilisations, à l’image de la place Tahrir en Egypte. Aujourd’hui la place est militarisée, ce qui empêche une nouvelle occupation synonyme de contestation du pouvoir en place. Ce dernier se maintient et le peuple, privé d’alternative, s’oriente vers des moyens de moins en moins pacifiques pour montrer son mécontentement. En toile de fond de ces tensions, la marginalisation du peuple chiite, exercée par le pouvoir sunnite à la tête du royaume. Les chiites sont exclus des instances étatiques et ces inégalités de traitement entraînent une forte exclusion économique et sociale.

Les revendications du printemps 2011 auguraient d’un changement de l’appareil étatique avec la mise en place d’une monarchie constitutionnelle instaurant des valeurs plus démocratiques. Il n’en est rien et la répression des dissidents est quotidienne.

Les chiites ne sont pas les seuls à exprimer leur désaccord avec la politique menée par la famille régnante.

Les récentes mobilisations ont aussi réuni des sunnites dans un mouvement qui s’est voulu nationaliste, éludant ainsi les différences religieuses, avec pour slogan : « Ni chiite, ni sunnite, juste Bahreïni ! ». Cette tentative d’aller au-delà de la divergence religieuse s’est heurtée à la propagande du pouvoir qui a dénoncé un «complot confessionnel sectaire »,  autrement dit anti sunnite. Selon le pouvoir royal, l’Iran (à majorité chiite) serait derrière cet élan de révolte, ce qui disqualifie les actes de rébellion de la population.

Le fait qu’il n’y ait pas que des chiites qui se révoltent est aussi le reflet de distensions au sein de la famille royale. Le roi Hamad, pour l’ouverture d’un dialogue, fait face à Khalifa ben Salman (son oncle), Premier ministre en poste depuis 41 ans, velléitaire face aux opposants et grand artisan de la répression. Il est très lié à l’Arabie Saoudite (sunnite), qui est intervenue pour réprimer le peuple bahreïni l’an dernier et dont des troupes sont encore sur le territoire.

Le roi Hamad apparaît dépassé par les enjeux que soulève cette crise au Bahreïn qui pourrait déboucher sur une guerre civile religieuse entre  chiites et sunnites. Le Premier ministre dirige le royaume d’une main de fer et prône l’écrasement des soulèvements chiites aidé par son allié saoudien. Selon le pouvoir, l’Iran agirait en sous-main, non seulement pour venir en aide à la communauté chiite, mais aussi pour tenter de déstabiliser cette pétro-monarchie pro-américaine. Les enjeux pourraient donc s’avérer être plus qu’un simple conflit intra étatique mais bien une autre étape dans la lignée de la confrontation actuelle entre la République Islamique iranienne et les Etats-Unis.

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