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Les accords de Munich

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Présentés comme l’apothéose de la lâcheté diplomatique, les accords de Munich furent signés le 30 septembre 1938 entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie. Ils représentent le fossé entre les aspirations de paix des peuples d’Europe de l’Ouest et la trajectoire implacable d’Hitler. Au retour des signataires, le contraste est flagrant entre la joie des foules persuadées d’avoir sauvé la paix et l’abattement des dirigeants sachant se diriger droit vers un conflit catastrophique.

La Une du journal Excelsior résume le sentiment des peuples en Grande-Bretagne, en France et en Italie : le soulagement. C'est en fait le premier acte de la Seconde Guerre mondiale.
La Une du journal Excelsior résume le sentiment des peuples en Grande-Bretagne, en France et en Italie : le soulagement. C’est en fait le premier acte de la Seconde Guerre mondiale.

Le contexte particulier des accords de Munich explique cette différence de perception. Depuis 1936 et la remilitarisation de la Rhénanie, la France et le Royaume-Uni se sont habitués à voir le Reich allemand violer une à une toutes les clauses du traité de Versailles. 1938 marque l’application de la doctrine pangermaniste d’Adolf Hitler avec l’Anschluss (l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie) et le chancelier revendique ouvertement des territoires Tchécoslovaques au nom de la protection des peuples germaniques. La France et le Royaume-Uni ont, de leur côté, abandonné leur soutien aux puissances d’Europe Centrale dans l’espoir d’échapper à un conflit armé. En septembre 1938, Hitler exige l’autodétermination pour les 3.2 millions d’allemands sudètes vivant en Tchécoslovaquie à la frontière avec le nouveau Reich. Sinon, il envahira le pays le 1er octobre. C’est une situation de crise permise par l’éclatement de l’empire austro-hongrois à l’occasion des traités de paix de 1919 et 1920 qui a multiplié les revendications nationalistes dans les fragments de l’empire. La situation est d’autant plus difficile que la Tchécoslovaquie est alliée avec l’URSS et la France : ceux deux puissances se retrouvent entraînées dans la crise.

Une conférence est donc organisée à Munich les 29 et 30 septembre 1938 à la demande de Mussolini, allié de Hitler depuis 1936, et qui se pose en facilitateur alors qu’il ne fait que suivre les ordres du Führer. Elle réunit Hitler, Mussolini, Chamberlain et Daladier. Ni l’URSS ni la Tchécoslovaquie, pourtant pleinement impliquées, ne sont conviées. Un « compromis » est proposé par Mussolini le 29 septembre qui somme Prague d’évacuer les Sudètes dans les dix jours et de démanteler ses fortifications à la frontière allemande. Hitler envahi la Tchécoslovaquie le lendemain et le pays est dépecé avec l’aide de la Pologne, de la Hongrie et de la Slovaquie devenue indépendante mais vassale du Reich. Cette invasion est officialisée le 15 mars 1939 quand la Wehrmacht occupe sans combat la Tchéquie.

Les déclarations officielles laissaient pourtant croire que Daladier et Chamberlain croyaient Hitler mais ce n’est pas le cas en réalité. Craignant la colère de la foule à son retour, Daladier est surpris de voir les gens l’acclamer. Il aurait murmuré le célèbre « Ah les cons s’ils savaient ! » qui illustre le contraste entre les peuples pensant échapper au pire et les dirigeants le sachant à venir. Churchill résumera ces accords avec cette phrase «  Nous avions le choix entre la guerre ou le déshonneur, nous avons choisi le déshonneur et nous aurons la guerre ! ». Au niveau géopolitique l’URSS tire les conséquences de la passivité des occidentaux et s’allie avec l’Allemagne le 23 août 1939 pour dévorer l’Europe de l’Est et laisse l’Ouest subir les assauts allemands.

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