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La Révolution Culturelle en Chine (mai 1966 – avril 1969)

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Une humiliation publique durant la Révolution Culturelle
Une humiliation publique durant la Révolution Culturelle

On ne garde de la Révolution culturelle que l’image d’une période d’ « épuration idéologique » très violente. Si ce constat est justifié (pillages, violences, viols, humiliations publiques, exécutions et emprisonnements arbitraires ayant été monnaie courante durant cette période), ses fondements, complexes, doivent être analysés pour comprendre la nature d’un phénomène qui, par l’intensité de sa brutalité, a profondément marqué l’Histoire de la Chine moderne.

Un instrument politique dans les mains de Mao

La première origine du mouvement est politique. Mao, vieillissant, a du concéder des fragments de son pouvoir absolu à d’autres hauts cadres du Parti Communiste Chinois (PCC) depuis 1961. Il va donc concevoir la Révolution Culturelle comme un instrument d’épuration et de reprise en main. Ainsi, si les grands mouvements de foule et la formation des « gardes rouges » (sorte de milices armées qui forment le cœur du mouvement)  ont pu paraître spontanés, ils furent en réalité « lancés » et orientés par Mao. Ainsi, c’est lui qui appelle à une nouvelle révolution pour chasser les « cadres engagés dans la voie de la restauration du capitalisme, les Khrouchtchev chinois et leurs complices ». Par cette déclaration, il vise tous ses ennemis potentiels : à la fois les modérés et les survivants de la Chine nationaliste et ses ennemis politiques.

Un mouvement incontrôlable… Mais dirigé

C’est donc un raz de marée que veut provoquer Mao : pour accomplir un but purement politique, il appelle la jeunesse à se révolter contre toute forme d’aliénation (le slogan « toute rébellion est juste » va même être utilisé). On perçoit l’ampleur de la portée anarchisante que peut avoir ce type de mots d’ordre sur une jeunesse fanatisée. C’est un succès : la Chine va plonger dans trois années d’un état de quasi guerre civile (notamment à Wuhai)… Le grand timonier va néanmoins veiller à garder un contrôle souple sur ce mouvement, par le biais d’un culte de la personnalité exacerbé et d’une structure visant à encadrer les gardes rouges qu’il met en place avec l’armée entre l’automne 1967 et janvier 1968, les comités révolutionnaires.

Un contexte social propice

Si la Révolution Culturelle a pu avoir lieu, c’est car le terreau social était fertile. L’échec du Grand Bond en avant, en paralysant l’économie, a généré une grande frustration parmi de nombreux jeunes diplômés réduits au chômage. Ce sont ces derniers qui, désireux de chasser les apparatchiks communistes issus de la première révolution (qui monopolisent toutes les places), formeront l’essentiel de l’effectif des gardes rouges. Notons que ce phénomène fut essentiellement urbain, les vastes campagnes ayant globalement été épargnées par les gardes rouges.

La victoire de Mao

Tout naturellement, c’est Mao qui, après l’avoir initiée, met fin à la Révolution Culturelle. Il fait emprisonner Liu Shaoqi, son principal opposant politique, fin octobre 1968, et appelle à la réunion du IXème congrès du PCC. Ce dernier, qui siège en avril 1969, est la consécration du succès de Mao. Sur les 279 membres élus lors du VIIIème congrès, seuls 53 sont réélus. L’épuration est une réussite… Mais à quel prix ! Pour citer Alain Roux, parlant de la Révolution Culturelle et du rôle de Mao : «Un abîme sépare le but et les moyens ; la Chine a failli s’y engloutir ».

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