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Les troubles hongrois de 1956 et le coup de Budapest

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Le 23 Octobre 1956 marque le début de l’insurrection de Budapest contre le régime communiste Hongrois. Le 4 novembre, l’armée soviétique entre dans Budapest et réprime la révolte. C’est en hommage à cet événement historique que la fête nationale de la Hongrie est fixée le 23 octobre.

Les facteurs favorisant le soulèvement hongrois

Le parlement hongrois
Le parlement hongrois devant lequel les étudiants de Szeged ont exprimé leurs revendications le 23 octobre et devant lequel la police communiste a tiré sur les manifestants le 25 octobre.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Hongrie est occupée militairement par l’Union Soviétique. La République populaire de Hongrie est proclamée en 1949. Mátyás Rákosi, Secrétaire général du Parti des travailleurs hongrois à partir de 1945 et Président du Conseil des ministres à partir de 1952, mène une politique autoritaire et répressive vis-à-vis des opposants politiques.

Cependant, la mort de Staline le 5 mars 1953 entraine une certaine détente politique au sein des pays du pacte de Varsovie. Cette détente contribue au remplacement de Rákosi par Imre Nagy au poste de Premier ministre. Nagy change la politique économique en ralentissant notamment la collectivisation ou encore en soutenant l’industrie légère au détriment de l’industrie lourde. Nagy mène une politique plus souple que son prédécesseur en révisant des procès truqués et en libérant certains accusés de ces procès. Bien que remplacé par Hegedus Andras, un stalinien, les actions réalisées jusqu’à son départ l’ont rendu populaire.

Le discours secret de Khrouchtchev en février 1956, marquant le début officiel de la déstalinisation, est  suivi en Hongrie par le départ de Rákosi du poste de Secrétaire général du Parti des travailleurs hongrois. Le remplacement de Rákosi par un autre stalinien, Gerő Ernő, entraine un mécontentement dans la population.

Le soulèvement de Poznan en 1956 en Pologne est un autre évènement favorisant l’insurrection de Budapest. Bien que réprimé, il permet aux polonais d’obtenir la mise en place d’un régime moins dépendant de Moscou. Gomulka, le 19 Octobre, réussit à obtenir des réformes de la part de Moscou. Le succès de ces négociations encourage les hongrois à se révolter.

L’insurrection d’octobre 1956

Le 16 octobre, les étudiants de Szeged créent l’organisation MEFESZ (association des étudiants hongrois) et rédigent des revendications en seize points. Parmi ceux-ci, on retrouve la liberté totale de presse ou encore la révision des procès organisés sous Rákosi. La demande sans doute la plus importante est le retour d’Imre Nagy à la tête du gouvernement.

Le soulèvement commence le 23 octobre. Les étudiants affichent leur soutien à la révolte de Poznan. Ils expriment notamment leurs revendications sur la place Bem et devant le parlement. Toujours le 23 octobre, les manifestants s’emparent des armes des arsenaux.  Le lendemain Imre Nagy est nommé Premier ministre et le 25 octobre János Kádár devient le nouveau secrétaire général du parti. Ce même jour, la police politique communiste tire sur les manifestants réunis devant le parlement faisant plus de 200 morts. Dans les jours qui suivent, Imre Nagy adopte de nombreuses réformes comme la libération de prisonniers, la réorganisation des partis politiques ou encore l’instauration de la liberté de presse. Imre Nagy annonce également la sortie de la Hongrie du pacte de Varsovie. Pendant ce temps, les manifestations et les révoltes se multiplient en province.

Intervention soviétique et fin de la révolte

Alors qu’initialement Moscou avait accepté les changements issus de la révolution, la crise de Suez change la donne. La pression exercée par les Etats-Unis sur la France et le Royaume-Uni pour retirer leurs troupes rend difficile une intervention états-unienne en Hongrie.

János Kádár, jusque-là du coté des insurgés, décide de changer de camp. Il part à Moscou début novembre où il se concerte avec les soviétiques. Le 1er novembre, les chars soviétiques entrent en Hongrie et le 3 au soir, encerclent la ville de Budapest. Le 4 novembre au matin, Nagy fait un dernier discours à la radio sans toutefois appeler à la résistance. Malgré cela, une partie des insurgés s’oppose aux chars soviétiques. Le rapport de force étant déséquilibré, le 10 novembre l’insurrection est terminée. L’ONU a estimé les pertes hongroises  à 2 500 morts et 13 000 blessés.

Les conséquences de cette insurrection sont lourdes pour les hongrois. Imre Nagy est capturé le 22 novembre et exécuté deux ans plus tard. C’est János Kádár qui devient Premier ministre à sa place. Plus de 20 000 hongrois sont emprisonnés dont plus de 200 exécutés par la suite. Enfin, ce sont plus de 170 000 hongrois qui se réfugient en Autriche durant l’année qui suit l’insurrection.

Malgré la répression et l’échec de la révolte, l’insurrection de Budapest de 1956 est un évènement constitutif de la conscience nationale hongroise. C’est pour cette raison qu’en 1989 la République de Hongrie a été proclamée le 23 octobre. C’est également pour cette raison que le 23 octobre est aujourd’hui le jour de la fête nationale de la Hongrie.

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Alexis STANKEVITCH

Alexis Stankevitch, étudiant à Sciences Po Paris, est passionné par la géopolitique et les Relations Internationales et plus particulièrement par celles qui sont liées à l'Europe de l'Est, la Russie et la Turquie.

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