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L’unité italienne (1/2)

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Camille Cavour, chef du gouvernement du Piémont de 1852 à sa mort en 1861, diplomate de génie et principal artisan de l’unité italienne

La carte de l’Italie des années 1850 paraitrait surréaliste à un observateur contemporain : la péninsule est alors divisée en cinq zones distinctes. Au nord ouest, il y a le royaume de Piémont-Sardaigne, avec à sa tête le roi Victor Emmanuel II et son chef du gouvernement depuis 1852, Camille Cavour, tous deux fervents partisans (et futurs artisans) de l’unité italienne. Au sud de la péninsule, il y a de royaume des Deux-Siciles (organisé autour de Naples et de l’île de Sicile). Au centre, autour de Rome, les Etats pontificaux, dirigés directement par le pape. Entre le Piémont et les Etats pontificaux coexistent une multitude de micro Etats indépendants (Lucques, Parme, Modène, Toscane…) mais de fait totalement assujettis à la domination autrichienne. Enfin, la Lombardie (autour de Milan) et la Vénétie font partie intégrante de l’Empire d’Autriche, principal obstacle à l’unité on l’aura compris.

Le mouvement unitaire italien a existé tout au long du XIXe siècle, mais ce n’est qu’à la fin des années 1850 que les circonstances deviennent favorables. La propagande unitaire atteint alors sont paroxysme (création de la Société nationale, le 1er août 1857, par Cavour), et le rapprochement avec la France de Napoléon III donne ses premiers effets concrets. L’entrevue de Plombières, les 20 et 21 juillet 1858, entre l’empereur des français et Cavour donne naissance à une alliance franco-piémontaise dirigée contre l’Autriche (cette alliance sera effectivement signée en janvier 1859).

Il faut d’emblée noter un profond décalage entre la vision de Turin et celle de Paris. Si pour Cavour, l’objectif de cette alliance est clairement d’aboutir à l’unité de l’ensemble de la péninsule, Napoléon III, lui, ne conçoit que la formation d’un royaume nord italien, limité au sud par les Etats pontificaux. En effet, l’empereur, bien qu’intimement partisan de l’unité (il a perdu son frère dans les révolutions nationales antiautrichiennes de 1831, quand il n’était encore qu’un exilé), ne peut politiquement se permettre de se mettre à dos les catholiques français…

Néanmoins, l’alliance est effective et la guerre contre l’Autriche est déclarée le 27 avril 1857. D’emblée, les troupes franco piémontaises écrasent (au prix d’un très lourd bilan humain pour la France) les autrichiens : la célèbre victoire de Solferino, le 24 juin, apparait comme définitive, Vienne est à portée.

Mais brusquement, la France demande la paix à l’Autriche. Ce qui a été perçu comme une trahison par les italiens se comprend aisément : la Prusse a menacé Paris de rejoindre l’Autriche dans la guerre. Napoléon III sait qu’il ne peut mener simultanément le combat en Italie et sur le Rhin. La paix qui en résulte voit l’Autriche céder la Lombardie. Cependant, la machine est lancée : maintenant que la France s’est retirée, c’est l’Angleterre qui apporte son soutien au Piémont. Ainsi, quand par plébiscite la population des micros états centraux demande son rattachement au Piémont, l’Autriche, acculée diplomatiquement par Londres et Paris (qui a réaffirmé son soutien à Victor Emmanuel), ne peut qu’accepter. En « récompense », Napoléon III se voit rétrocéder par le Piémont Nice et la Savoie. La première étape d’une unité en trois actes s’achève.

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