Les accords Sykes-Picot (1916)
La Première Guerre Mondiale encore loin d’être achevée, l’avenir d’un des plus grands Empires d’Occident a été décidé en mai 1916 par deux grandes puissances, la France et le Royaume-Uni. L’Empire Ottoman y est morcelé, expliquant, pour partie, les querelles qui s’y expriment depuis près d’un siècle.
En Mai 1916, avec l’assentiment de leur allié russe, les Français et les Britanniques, représentés par Georges Picot et Mark Sykes se partagent l’Empire Ottoman, qui existe pourtant toujours en tant qu’entité indépendante. Certaines régions (comme la Syrie ou le Liban pour la France ; le nord de l’Irak actuel pour les Britanniques) sont placées sous la gouvernance d’un chef arabe, mais il est convenu que Français et Britanniques peuvent y exercer librement toute activité économique qu’ils souhaitent. D’autres régions (comme le Sud de la Turquie ou le reste de l’Irak actuel) sont, elles, placées sous administration directe d’une des deux puissances. Elles obtiennent également la gestion de lieux stratégiques de l’ex-Empire, comme le port d’Haïfa, ou le contrôle des eaux du Tigre et de l’Euphrate.
Ces accords, à l’origine secrets, font suite à ceux entrepris entre Britanniques et Russes un an auparavant. Il faut rappeler qu’à l’époque, l’Empire Ottoman soutient l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, alors opposées à l’alliance franco-britannico-russe. Certaines régions sont ainsi, dès 1915, annexées de facto par la Russie, comme Constantinople. Ajoutées à l’accord Sykes-Picot, toutes ces prises n’ont eu pour conséquence que de morceler l’Empire Ottoman, tuant dans l‘œuf toute velléité nationaliste arabe ayant pu naître à la fin de la Grande Guerre.
Ces accords représentent tout l’arbitraire de deux puissances, alors engagées en pleine guerre, vis-à-vis d’une région alors en pleine mutation. Cette colonisation, qui ne dit pas son nom, fut raillée au sein même des deux pays. Il faut en effet dire que ces accords n’ont pas été suivis par l’assentiment des gouvernements des deux pays, Sykes et Picot n’étant que de simples diplomates « experts » du Moyen-Orient.
Une fois la guerre terminée, ces accords devinrent caducs en 1920, lors de la Conférence de San Remo qui traita du cas de l’Empire Ottoman. Néanmoins, ils préfigurèrent une grande tendance géopolitique de cette première moitié de siècle : le statut international de la Palestine. Cette région aurait dû être placée, selon les termes de l’accord, sous administration internationale, jusqu’à ce que les Britanniques récupèrent, via la Société des Nations, un plein mandat sur la Palestine en 1920.