La Roumanie de Nicolae Ceaușescu : racines, chute et bilan (1/2)
Aujourd’hui, la Roumanie peut sans conteste être rangée dans la catégorie des pays à régime démocratique : malgré la corruption, les grands principes semblent respectés, au regard d’un système politique qui n’a pas toujours été celui que nous connaissons ; car pendant près de trente ans, la Roumanie fut régie par une dictature sans pareil, définie à travers la personnalité de son dirigeant : le dictateur Nicolae Ceaușescu, également connu sous le nom de « Conducător ».
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la Roumanie est un pays en plein bouleversement : jusqu’alors allié des forces de l’Axe, le pays change brusquement de stratégie à la suite d’un Décret Royal signé en août 1944 par le roi Michel Ier à l’encontre de Ion Antonescu, précédemment chef de l’Etat roumain, introduit Premier ministre en septembre 1940 sous l’effet d’un autre décret signé par le roi Charles II. Le général Constantin Sănătescu prend alors les rênes du pays, rompt l’alliance avec l’Axe et engage près de 550 000 soldats contre l’Allemagne. Mais un coup d’Etat communiste en mars 1945, soutenu par l’URSS met fin au gouvernement de Constantin Sănătescu, puis au règne de Michel 1er, destitué deux ans plus tard sous la menace de représailles envers ses partisans. Les communistes prennent alors le pouvoir dans le pays, et déclarent la République Populaire de Roumanie.
De 1945 à 1965, jamais l’influence de l’URSS n’aura été aussi importante : malgré le traité de Paris, les Soviétiques annexent de nouveaux territoires appartenant auparavant à la Roumanie, dictent leur loi, allant même jusqu’à user de la répression à l’encontre des opposants. En 1949, la Roumanie adhère au Comecon, la domination du Parti Ouvrier Roumain se fait de plus en plus oppressante.
Le 19 mars 1965, Gheorghe Gheorghiu-Dej, secrétaire général du Parti Ouvrier Roumain, au pouvoir depuis décembre 1947 décède d’un cancer du foie, laissant la République Populaire de Roumanie sans dirigeant. Une lutte de pouvoir s’engage alors à l’intérieur du parti, entre d’une part Gheorghe Apostol, proche de Gheorghe Gheorghiu-Dej, et d’autre part Nicolae Ceaușescu, alors « numéro 2 » du Parti Ouvrier Roumain. Le 22 mars 1965, ce dernier est élu, poursuivant dans un premier temps la même ligne politique que celle auparavant menée par Gheorghe Gheorghiu-Dej. La Roumanie fait alors partie des pays signataires du Pacte de Varsovie mais entretient malgré tout des relations cordiales avec les pays du bloc de l’Ouest, en particulier avec Israël et les Etats-Unis. Le 28 juin 1965, une nouvelle constitution est adoptée, le pays prend désormais comme nom officiel la République socialiste de Roumanie.
Malgré des débuts pleins d’espoirs, le véritable visage de Nicolae Ceaușescu apparaît peu à peu : en 1966, l’avortement est interdit, l’acte étant désormais passible de plusieurs années d’emprisonnement. La Securitate, équivalent roumain du KGB poursuit une politique très active de surveillance de la population, tandis que le pays prend progressivement ses distances avec l’Union Soviétique. Le 16 décembre 1989, la soupape explose, c’est le début de la révolution roumaine qui mènera à l’exécution de Nicolae Ceaușescu.