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La taxe Tobin

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La taxe Tobin est l’arlésienne de la régulation financière, et ce, depuis quarante ans.

Idée de l’économiste et nobel américain James Tobin, la taxe Tobin alimente les débats à chaque crise économique depuis que son principe a été établi en 1972. Si son principe est simple, son application est quasiment impossible et les difficultés à la mettre en place avalisent sa réputation d’utopie. De plus, sa nature et son objectif ont souvent changé au cours du temps. Qu’est-ce que la taxe Tobin et peut-elle s’appliquer aujourd’hui ?

Dans son principe, la taxe Tobin tient en un mot : taxer les transactions financières internationales à hauteur de 1% pour en ralentir l’aspect spéculatif et favoriser les investisseurs traditionnels. Le but est d’handicaper les acteurs qui effectuent le plus d’actions d’échanges sur les marchés et ceux qui effectuent des ventes à découvert (comme les hedges funds) et donc de stabiliser le marché. La question du devenir de l’argent ainsi récolté (plusieurs dizaines ou centaines de milliards d’euros) reste ouverte mais elle a rapidement été saisie par les associations et les groupes altermondialistes. En effet, des associations telles que ATTAC (Association pour une taxe Tobin d’aide aux citoyens) proposent d’utiliser cette recette pour aider les pays en voie de développement, notamment en remboursant leurs dettes. Cependant, James Tobin a réaffirmé son attachement au système libéral et refuse cet emploi.

Si cette taxe permet de dégager autant de recettes, pourquoi n’a-t-elle pas été appliquée ?

Son application se révèle handicapante pour la zone qui l’impose car les transactions financières sont mondialisées et il est aisé de passer par d’autres zones pour faire ses investissements. Ainsi, de nombreux pays sont favorables à cette taxe à la condition que tous les autres s’y soumettent, ce qui n’arrive jamais car personne n’ose être le premier de peur de se retrouver abandonné comme cela s’est passé avec la Suède dans les années 1990. La taxe doit donc s’appliquer à un ensemble de pays relativement homogènes, voire possédant la même monnaie, et pesant suffisamment dans l’économie mondiale pour ne pas être contournés. Une autre critique porte sur le montant de cette taxe qui ne serait pas assez élevé et sur le fait qu’elle se répercutera avant tout sur les acheteurs. Enfin, la question de la transparence du milieu financier reste posée car pour appliquer cette taxe il faut savoir qui est l’acheteur et le vendeur, une information qui n’est pas évidente a obtenir d’autant plus que les produits dérivés sont légions et qu’une bonne part des échanges les plus importants se font dans l’opacité la plus totale.

Les conditions d’application de la taxe Tobin ont donc beaucoup évolué depuis le lancement de cette idée mais, paradoxalement, à l’heure d’une complexification extrême du système financier et de la mondialisation des échanges, une fenêtre se dessine. La multiplication des crises financières ainsi que leur aggravation durant ces vingt dernières années justifient cette taxe et fait oublier ses inconvénients. L’émergence d’acteurs économiques majeurs comme la Chine, l’Inde et le Brésil ainsi que de nouvelles zones économiques ou monétaires comme l’Union Européenne dessine de grands ensembles incontournables dans lesquels la taxe Tobin pourrait être appliquée.

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