Les problématiques politiques, sociales et internationales de l’Allemagne de Guillaume II
Guillaume II prend les rênes du pouvoir en 1888 et retire à Bismarck son rôle de chancelier dès 1890. Sous Guillaume II, la plupart du temps, les gouvernements s’appuient sur une coalition du Centre et des conservateurs. Pourtant, le développement de la classe ouvrière tendait inévitablement à augmenter les rangs du parti socialiste : ce dernier obtint 44 députés en 1893, mais 110 en 1912, devenant ainsi le parti le plus représenté au Reichstag. Pourtant, le régime sembla figé jusqu’à la Première Guerre mondiale, et l’Allemagne fut confrontée à certaines problématiques majeures.
En Alsace et en Lorraine, alors que les catholiques déploraient la politique anticléricale de la France, un mouvement autonomiste se développa. Guillaume II fit adopter une nouvelle constitution en 1911, et l’Alsace-Lorraine fut représentée au Bundesrat comme si elle formait un 26ème Etat. Mais la région n’avait toujours pas l’autonomie dont jouissaient par exemple la Saxe ou la Hesse, et son administration restait encore largement allemande. Ainsi, en 1914, les relations entre l’Alsace-Lorraine et l’Allemagne étaient plus que tendues.
En Prusse polonaise, dans l’objectif de germaniser la population, les autorités prussiennes obligèrent à l’usage de l’allemand uniquement. En 1906, l’enseignement du catéchisme en polonais fut même interdit, provoquant une grève étudiante. En outre, le gouvernement allemand tenta d’arracher les terres polonaises pour y installer des familles allemandes, mais les Polonais défendaient farouchement leurs intérêts. Par ailleurs, cette politique entraina un regain du polonisme face à cette tentative de colonisation allemande.
Une autre des problématiques de l’Allemagne de Guillaume II résidait dans l’approvisionnement en matières premières ainsi que la recherche de débouchés commerciaux. Bismarck s’était désintéressé de la colonisation et l’Empire colonial allemand semblait ridicule comparé à ceux de la France ou de l’Angleterre. Aucun de ces territoires ne pouvait faire l’objet d’une colonie de peuplement, et l’opinion publique allemande fit pression pour la mise en place d’une vraie politique coloniale. L’Allemagne jeta son dévolu sur la Chine, la Turquie, le Maroc ou encore l’Afrique équatoriale. En dépit de la construction de la Bagdad-Bahn, ligne ferrée reliant Bagdad à Istanbul, les espoirs allemands furent déçus, notamment au Maroc.
A l’époque, un fort courant pangermaniste, fondé sur la théorie de la supériorité du peuple allemand, visa à étendre l’hégémonie de l’Empire allemand au-delà de ses frontières. La création de la Ligue pangermaniste en 1893 illustre bien cet état de fait. Ce courant forma ainsi le ciment à d’inévitables conflits et guerres afin de pouvoir montrer cette supériorité, et il n’est donc pas étranger au lancement de la Première Guerre mondiale…