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La chute des Tokugawa et l’avènement de l’ère Meiji

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Le débarquement du Commodore Perry à Uraga le 8 juillet 1868
Le débarquement du Commodore Perry à Uraga le 8 juillet 1868

Le Shogunat des Tokugawa débuta en 1603 après l’unification politique du pays et marqua l’avènement d’une période de paix qui se prolongea jusqu’au milieu du XIX° siècle. Deux caractéristiques propres au Japon de l’époque conduisirent plus tard à la chute du régime : l’isolation prolongée et la routine politique.

En 1635 l’introduction des lois d’isolation a conduit à la fermeture quasi-complète de l’espace japonais au contact extérieur et à l’expulsion des étrangers du territoire. Ce fut au début du XIX° siècle seulement que les grandes puissances occidentales, Etats-Unis en tête, cherchèrent à renouer contact avec l’archipel dans le but d’établir des relations commerciales. Le Japon refusa toute négociation et les Américains se lassèrent vite de la situation, si bien qu’en 1853 le Commodore Perry fut chargé de transmettre un ultimatum au gouvernement d’Edo : soit le pays accepte d’établir des relations commerciales avec les Etats-Unis soit ces derniers l’y contraindront par la force.

Arrivé avec sa flotte sur les côtes japonaises le 8 juillet 1853, Matthew Perry promis de revenir l’année d’après pour recueillir le choix des Japonais. Impressionné par la puissance militaire américaine, alors que l’armée japonaise est elle totalement désorganisé et affaiblie par deux siècles de paix, le Shogun décida d’accéder à la requête du Commodore Perry. Ce temps d’attente constitue le grand tournant du règne des Tokugawa : la décision prise d’ouvrir le Japon à l’extérieur, avec le désaccord de l’Empereur, a amorcé la bombe à retardement qui fit voler en éclat le Shogunat, sans retour en arrière possible. Deux ports furent cédés en 1854 aux Américains pour qu’ils puisent s’y établir. Deux ans plus tard, l’Angleterre, la Russie et les Pays-Bas avaient acquis le même privilège.

Les années 1850 furent la décennie durant laquelle les Tokugawa perdirent le soutien et la confiance de leur peuple : censés assurer la sécurité de ce dernier, ils se révélèrent incapables de résister aux pression américaines, puis russes, anglaises, etc ; censés écouter l’Empereur, ils bafouèrent son autorité en décidant l’ouverture du pays.

Les samouraïs et la cour impériale, écartés par les Tokugawa, prirent conscience à la fois de la supériorité militaire occidentale et de la nécessité de mettre fin au Shogunat afin de remettre le Japon dans le droit chemin. Mais comment résister à l’invasion de l’Occident ? Comment faire en sorte que la civilisation japonaise ne soit pas écrasée par sa domination ? Le mot d’ordre est avant tout de sauver la tradition : la révolution Meiji a cette particularité d’être une révolution conservatrice. « À la différence des Chinois qui s’étaient toujours considérés comme les seuls détenteurs de la civilisation (…), les Japonais comprirent immédiatement le parti qu’il pouvaient tirer de l’expérience politique et économique des Occidentaux » explique l’historien Edwin Reischauer. 1868 consacra, après la chute de la dynastie fatiguée et divisée des Tokugawa (balayée sans mal par les samouraïs), aussi bien le retour d’un régime centrée autour de l’Empereur que l’esprit du Japon moderne, synthétisé sous la formule « Wakon Yosai » : esprit japonais, techniques occidentales.

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