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L’aviation, histoire d’un envol (2/2)

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Au XIXe siècle, le scientifique Otto Lilienthal affirmait : « inventer un avion est rien, le construire est un début, voler c’est tout ». Le XIXe et le XXe siècle sont les siècles de naissance et de développement de l’aviation. Aujourd’hui, les appareils sont toujours plus performants et les offres toujours plus attractives. A l’heure de la mondialisation et de l’interconnexion croissante des populations et des économies, l’avion apparaît comme un moyen de transport privilégié car rapide et sûr. Le XXIe siècle semble donc être celui du décollage.

L’essor du transport commercial

Le transport aérien favorise le rétrécissement du monde dont parlait déjà en 1942 l’historien Fernand Braudel. L’apparition de nouvelles technologies comme les radars et le pilotage automatique facilitent la croissance rapide du secteur. Grâce à des économies d’échelles, le coût du transport aérien baisse de 70% entre 1975 et 2010. En 1950, le trajet New-York – Paris s’effectuait en 20 heures avec escale pour les 50 passagers à bord. Aujourd’hui, ce sont près de 600 personnes qui embarquent pour un vol direct d’environ 7h. L’A380, né en 2005, peut transporter jusqu’à 853 passagers et a un rayon d’action de 16 000 kilomètres. Pourtant, dans le même temps, les coûts engendrés par le kérosène ne cessent de grimper. C’est la raison pour laquelle le Concorde a volé pour la dernière fois en 2003. L’avion supersonique n’était pas rentable, trop polluant et l’explosion d’un appareil survenue lors d’un décollage en 2000 n’a fait que précipiter la décision. Depuis sa création en 1954, l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) a revu plusieurs fois les normes aériennes, augmentant là encore les coûts pour les compagnies aériennes, contraintes de s’adapter.

A partir des années 1980, le secteur aérien connaît une vague de dérégulation sous l’impulsion américaine. En 1978, l’Airline Deregulation Act libéralise l’exploitation des lignes intérieures aux Etats-Unis. En 30 ans, le prix d’un billet pour un vol intérieur aux États-Unis a ainsi diminué de plus de 50%. Les Européens adoptent également cette politique d’open sky dès 1997. La baisse des tarifs permet une massification et une démocratisation du transport aérien. Les compagnies porte-étendards telles qu’Air France sont alors privatisées afin de faire face à la concurrence accrue. Les compagnies s’endettent afin de racheter celles en faillite. Vingt compagnies contrôlent désormais 70% du trafic aérien mondial. Des alliances techniques et commerciales se forment : StarAlliance (Lufthansa, United Airlines), Sky Team (Air France-KLM, Delta) ou encore Oneworld (British Airways, American Airlines). Les compagnies modernisent leur flotte pour résister à l’essor du low cost et aux jeunes compagnies publiques des pétromonarchies du Golfe (Etihad, Qatar Airways, Emirates). La compagnie américaine Southern Airlines, née en 1971, est considérée comme la première compagnie low-cost. Le revenu net de l’ensemble des compagnies aériennes s’élèverait à 17 milliards d’euros selon l’IATA. Cependant, les compagnies aériennes sont encore trop nombreuses (l’IATA recense 232 compagnies).

Enfin, la polarisation du trafic se fait autour des pôles les plus rentables, entraînant l’éviction des aéroports secondaires. Vingt-cinq aéroports (sur les 17 700 existants) captent 80% du trafic passager mondial. La moitié du trafic des 9000 routes aériennes est supportée par les 7% les plus actives. L’enjeu pour les aéroports est donc de parvenir à capter les flux. Les aéroports deviennent des zones commerciales et de divertissement grâce à l’apparition de duty free, de lieux de massage ou encore par la mise à disposition de jeux vidéo.  Le plus célèbre étant celui de Dubaï, créé en 1983, avec près de 2 milliards de dollars de ventes réalisées en 2016. Les aéroports développent également des plateformes multimodales. En effet, au-delà du transport de passagers, l’avion permet aussi de transporter les marchandises de manière rapide . Si le fret aérien compte pour moins de 1% du volume total de marchandises transportées, il en représente plus de 35% en valeur. Les revenus du fret aérien, bien qu’en légère baisse, s’élèvent encore à 51 milliards de dollars.

Les nouveaux défis du XXIe siècle

Le 11 septembre 2001 restera dans l’Histoire comme le mardi noir de l’aviation. Victimes d’attaques terroristes simultanées, plusieurs avions ont été détournés et se sont écrasés à New York et à Washington, provoquant la mort de plusieurs milliers de personnes. Cela a été un coup dur pour le secteur aérien. Des mesures de sécurité drastiques ont alors été décrétées. Statistiquement, il faudrait 6 500 ans pour qu’un voyageur voyageant quotidiennement ait un accident d’avion, selon une étude de l’IATA. Cependant, si l’avion reste le moyen de transport le plus sûr, cela n’empêche pas certains accidents humains ou matériels, ou des actes volontaires. Ainsi, en 2009, le vol 447 d’Air France qui reliait Rio de Janeiro à Paris s’abîme dans l’océan Atlantique avec à son bord 228 personnes. En 2014, le vol 17 de la Malaysia Airlines assurant la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur s’écrase en Ukraine, abattu par un missile tiré par des pro-russes. 298 personnes se trouvaient à bord. Le crash d’un A320 de la Germanwings provoqué par le co-pilote remet en cause les mesures internationales concernant la sûreté aérienne. L’A380 est un véritable cargo des airs, mais qui dit nombre élevé de passagers dit aussi accidents plus meurtriers.

En 2010, l’éruption d’un volcan en Islande paralyse le trafic aérien en Europe. La perturbation engendrée par cet événement exceptionnel a fait prendre conscience de l’importance que revêt désormais le trafic aérien dans les réseaux mondiaux à l’heure de la mondialisation. Des outils comme FlightRadar24 permettent d’illustrer l’ampleur du phénomène. Plus de 100 000 avions décollent chaque jour dans les quelques 17 700 aéroports commerciaux recensés dans le monde. 2016 représente une année record en nombre de passagers : 3,7 milliards de personnes ont pris l’avion (contre 30 millions en 1950). 127 passagers embarquent chaque seconde selon l’IATA. Le secteur aérien doit parvenir à se développer afin de transporter les quelques 16 milliards de passagers prévus pour 2050. Cela passe notamment par un doublement de la flotte mondiale. Tout l’enjeu est désormais de rendre accessible à tous ce moyen de transport qui reste cher. Il faut également concilier les objectifs de rentabilité des compagnies et les politiques nationales de développement et d’intégration des territoires.

De nouvelles technologies sont à l’étude pour imaginer l’avion de demain. En 2016, Solar Impulse a achevé son tour du monde grâce à l’énergie solaire uniquement. Des solutions environnementales doivent être cherchées, telles que le développement de biocarburants. En effet, si l’aérien n’est responsable que de 2% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, il reste le mode de transport le plus polluant par passager par kilomètre. Les drones sont pour l’instant utilisés par l’armée de l’Air mais pourraient à terme devenir les avions de demain, sans pilote.

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