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Monsanto tout puissant : vont-ils breveter le vivant ?

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Le samedi 25 mai 2013 s’est déroulée la « marche planétaire contre Monsanto » : une manifestation ayant lieu dans 436 villes du monde pour 52 pays de tous les continents. Selon les organisateurs elle a rassemblé deux millions de personnes ce qui peut sembler impressionnant mais doit être relativisé par la portée mondiale de l’événement. Les revendications de ces manifestants se portaient sur un fait capital : Monsanto souhaite breveter toutes les semences OGM qu’il vend. Or ces semences s’imposent de plus en plus aux agriculteurs du globe, ce qui pose le risque d’une privatisation de la nature. Face à cela comment se comportent les Etats ?

Pour en revenir aux initiatives de citoyens il faut reconnaître que leur efficacité reste limitée. Cette journée contre Monsanto a par exemple reçut un écho médiatique très faible. Sur un plan judiciaire, on peut signaler deux échecs aux Etats-Unis. Le premier date de février 2012 : c’est une « class action » fédérale de fermiers contre Monsanto, une action collective de citoyens contre une entreprise. Sachant que Monsanto poursuit tous ceux qui cultivent des OGM lui appartenant sans son autorisation, même lorsque l’OGM s’est implanté par dissémination naturelle, les fermiers, dont aucun ne cultive d’OGM, ont décidé de porter plainte contre Monsanto par avance. Ils souhaitaient ainsi faire sauter les brevets de Monsanto sur ces graines assez courantes (soja, maïs…) pour éviter d’être éventuellement poursuivit par la suite. Ils furent déboutés au motif qu’ils n’ont pas à poursuivre l’entreprise car celle-ci ne les a pas lésés.

Le deuxième est celui du jugement unanime de la Cour Suprême condamnant les fermiers qui utilisent des OGM Monsanto pour créer de nouvelles espèces, à verser des compensations à l’entreprise. Le cas avait été porté par Monsanto car un agriculteur avait commencé à croiser ses graines avec les variétés OGM pour que ses propres plantes résistent au pesticide ultra puissant Round up produit par la même compagnie.

Or c’est justement comme cela que Monsanto tient les agriculteurs : ces derniers doivent racheter les graines chaque année à Monsanto car elles sont stériles et les fermiers n’ont pas le droit de les croiser avec leurs propres variétés. En accroissant chaque année le nombre de ses clients et en interdisant aux agriculteurs d’utiliser toute variété qu’ils ont brevetée, Monsanto et les entreprises d’OGM associées restreignent peu à peu le nombre de variété cultivées et brevètent de plus en plus le vivant.

Face à ce risque les gouvernements ont des réactions très inégales : du soutien à l’interdiction.

Les Etats-Unis ont plutôt tendance à pousser Monsanto : un texte de loi surnommé « Monsanto Protection Act » a été introduit de manière discrète dans une loi budgétaire pour l’agriculture. Il empêche l’administration d’interdire la mise en culture de variétés OGM même si l’homologation en est contestée en tribunal. L’Union Européenne adopte une position plutôt favorable aux OGM même si la décision finale en revient aux Etats-membres, la France restant globalement opposée à la pratique. Les Etats qui en ont le plus besoin, situés généralement en Asie et en Amérique du Sud, sont moins regardant sur ces produits.

Les « Frankenfood » n’ont donc pas à craindre des Etats et peu de la part des citoyens, un réjouissant futur qui s’annonce…

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