La COP22: le début de l’action?
La 22e conférence des nations sur le climat, qui se tient du 7 au 18 novembre à Marrakech, est celle de la mise en œuvre. La COP21 a fourni un cadre universel qu’il faut maintenant compléter pour renforcer la crédibilité de l’accord et maintenir la dynamique qu’elle a impulsée. Si la COP 21, dont l’accord est entré en vigueur ce vendredi 4 novembre, est présentée comme une réussite, le chemin vers un monde sans énergie fossile est encore long.
Marrakech attend 20 000 participants dont les délégations de 196 Etats et les représentants de la société civile : les entreprises, les ONG, les populations autochtones, les scientifiques ou encore les collectivités locales. Les pays en développement sont au cœur des discussions pendant ces deux semaines de travail. Il s’agit pour les délégations présentes de concrétiser l’aide à ces pays en précisant différents outils définis à Paris en décembre dernier. Ainsi, l’obsédante question de la redistribution de fonds des pays avancés vers les pays développés, prévue depuis 2009 à travers le Fonds Vert, doit être étudiée. Même si un rapport de l’OCDE estime que le Fonds peut atteindre le seuil des 100 milliards de dollars (précisément, entre 77 milliards et 133 milliards de dollars selon les estimations), les besoins réels restent bien supérieurs à ce montant symbolique.
Cette nouvelle conférence sur le climat doit aussi étudier les initiatives qui ont émergé depuis la COP21 dont l’initiative « Triple A – Adaptation de l’agriculture africaine ». Ce texte a été signé par 27 pays africains en septembre 2016 pour mettre en lumière non seulement les menaces qui pèsent sur l’agriculture du continent mais aussi les nouvelles possibilités qu’il s’agit de coordonner. Ce travail de coordination, capital pour constater de réelles avancées, est d’autant plus compliqué que la conférence de Marrakech doit composer avec un nombre croissant d’acteurs locaux. A l’origine d’initiatives territoriales et locales, ces acteurs sont les fers de lance de la transition vers des économies vertes et doivent à ce titre être écoutés. Enfin, le plus difficile sera sûrement de décider des mécanismes d’évaluation des initiatives prises pour limiter le réchauffement climatique en dessous de 2° C par rapport aux niveaux préindustriels. Ces mécanismes, contrôlés par le comité d’experts internationaux « Suivi, notification, vérification », doivent être transparents et pertinents pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre ou les politiques mises en œuvre à toutes les échelles.
La planète peut-elle vraiment « retrouver le sourire » (S. Royal) ?
Les barrières à l’application de l’accord de Paris sont toujours plus nombreuses. L’illustration flagrante des entraves à l’établissement d’une gouvernance mondiale du climat est sûrement l’élection de Donald Trump, climato-sceptique, à la tête des Etats-Unis. Une de ses promesses de campagne est de se désengager de l’accord de Paris. En théorie, c’est impossible puisque le droit international l’oblige à rester signataire de l’accord pendant 4 ans. Pour autant, si aucun budget n’est alloué à la lutte contre le réchauffement climatique, l’accord de Paris se réduirait une coquille vide.
La multitude de points qu’il reste à éclaircir pendant la COP22 traduit finalement le fragilité de l’accord de Paris, notamment en ce qu’il ne présente pas d’objectifs chiffrés à long terme. Les avancées doivent être nombreuses à Marrakech, pour éviter que l’accord de Paris ne soit caduque avant même son application, en 2020.