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L’Europe et sa recherche d’une monnaie unique (2/2)

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L'euro, ce beau projet européen, néanmoins encore trop imparfait
L’euro, ce beau projet européen, néanmoins encore trop imparfait

Une fois le SME crée, toutes les conditions semblent réunies pour assister à une convergence des politiques monétaires européennes. Le SME a notamment réussi à réduire quasiment à néant les variations entre les taux de change des membres de la future Union monétaire, ainsi qu’à rapprocher substantiellement les taux d’intérêt nominaux des membres. Or, comme on ne le remarquera que trop tard, cette convergence des taux s’est faite sur le taux d’intérêt le plus bas, i.e. le taux allemand, nuisant donc à des pays alors en pleine croissance (typiquement, pays d’Europe du sud) nécessitant des taux d’intérêt plus élevés pour soutenir leur développement.

Le SME a donc tué dans l’œuf toute possibilité de nationalisation de la politique monétaire. Cela s’avérait évidemment nécessaire à l’établissement d’une monnaie unique, du moins le pensait-on à l’époque.  Ainsi, contrairement aux tentatives précédentes, ce sont bien aux Etats membres de s’adapter à la donne européenne, et non l’inverse. Si, à l’époque, le SME est un juste compromis entre concertation continentale et nécessaire respect d’une certaine forme de souveraineté nationale, il apparaît, a posteriori, que le premier a largement été recherché par rapport au second.

Malgré les multiples événements ayant émaillé les années 1992-1995 (attaques spéculatives notamment), la Banque Centrale Européenne est établie à Francfort en 1998. Cette BCE était prévue dès le traité de Maastricht et ne pouvait entrer en fonction uniquement dès lors que les Etats membres (onze en 1998) acceptaient le transfert de leur souveraineté monétaire à une seule entité européenne ainsi que les codes définis par les fameux critères de convergence (touchant, notamment, à la stabilité des prix, à la viabilité des dépenses publiques ou aux taux d’intérêt à long terme). Une seule et unique politique monétaire européenne est donc définie à l’échelon continental, les Banques centrales nationales ne jouant donc plus qu’un rôle secondaire dans le processus de décision. Dès 1999, toutes les opérations monétaires dans la future zone euro se font dans la monnaie européenne. Trois ans plus tard, l’euro devient officiellement la monnaie  de onze pays.

En 2014, dix-huit Etats sont membres de l’UEM, avec quelques exceptions notoires : le Royaume-Uni et le Danemark, ayant obtenu des dérogations, ou la Suède, ayant refusé également d’adopter l’euro. Après un demi-siècle d’une longue mise en place, fait de crises, de succès et de remises en cause, l’euro aurait dû être l’aboutissement d’un grand projet européen. Or, aujourd’hui, son établissement est remis en cause dans de nombreux pays, mais aucun n’a, à ce jour, abandonné l’euro pour revenir à sa propre monnaie nationale. Un signe, peut-être, que l’Union monétaire est « le pire projet monétaire à l’exception de tous les autres », pour paraphraser les propos de Churchill ?

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