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Le Triangle de Weimar

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Les ministres des affaires étrangères du Triangle de Weimar lors de leur rencontre en avril 2014.
Les ministres des affaires étrangères du Triangle de Weimar lors de leur rencontre en avril 2014.

Créé en août 1991 par les ministres des affaires étrangères français (Roland Dumas) , allemand (Hans-Dietrich Genscher) et polonais (Krzysztof Skubiszewski), le Triangle de Weimar est un forum trilatéral. Cette coopération repose sur l’idée que ces trois pays partage une vision commune des la construction européenne, en préparant notamment l’adhésion de la Pologne. Elle vise également à appuyer la réconciliation entre l’Allemagne et la Pologne dans une logique similaire à la relation franco-allemande. Des sommets de chefs d’Etat ainsi que des rencontres sectorielles sont organisés de régulièrement à partir de 1993.  Les Parlement entretiennent de plus des liens de travail étroits De façon concrète l’action du Triangle de Weimar se matérialise par des partenariats de coopération décentralisée tripartite (coopération  Limousin, Bavière et Poméranie par exemple). Dans le même sens des échanges universitaires et pour la jeunesse (sommet des jeunes des trois pays) et des actions communes en direction des pays en développement sont menés.

Après l’adhésion, la vocation du groupe a évolué : il sert désormais de coopération « interne » à l’UE pour ces pays. Il permet notamment une plus grande cohérence des positions des pays concernés sur les différentes échéances européennes telles que l’avenir des institutions ou les politiques communes. Cette coopération se distingue du Groupe de Višegrad  par son mélange entre « anciens » et « nouveaux » membres. Il permet en période de crise, comme ça été le cas pour la Guerre en Irak, de dépasser les tensions ou au moins de limiter la fracture entre nouveaux et anciens Etats membres.

Quelle pertinence pour cet « instrument de politique intelligent » aujourd’hui ?

Relativement méconnu, le Triangle de Weimar a néanmoins la possibilité d’impulser des dynamiques communes et une meilleure coopération avec l’est de l’Union européenne et plus largement avec le voisinage oriental de l’UE. En ce sens, le président polonais  Bronislaw Komorowski a convié le président russe à participer à l’ensemble des sommets, signe d’un redémarrage des relations entre la Pologne et la Russie. Le Triangle de Weimar, « instrument politique intelligent » selon le mot de Bronislaw Geremek, n’est pas pour autant une force motrice de la politique européenne. L’inégalité qui existe entre les trois pays composant le groupe, la Pologne n’étant ni une puissance économique du type de l’Allemagne ou politique comme peut être considérée la France, la structure du Triangle parait déséquilibrée. Il est ainsi perçu par beaucoup comme une approche franco-allemande à l’égard de la Pologne plus que comme une entité géopolitique. De même, les priorités françaises en matière de voisinage se situent plus au sud de l’Europe comme l’illustre l’Union pour la Méditerranée tandis que le développement oriental correspond plus aux objectifs de politique européenne allemand. Marqué par ces considérations et représentations géopolitiques ainsi que par une certaine désuétude, le Triangle de Weimar semble ainsi devenir plus un forum maintenu par principe que pour son efficacité. Ce dernier pourrait  gagner en importance en revoyant plus profondément ses objectifs. En avril 2014, la rencontre entre les ministres des affaires étrangères du Triangle et leur déclaration concernant la situation ukrainienne illustre comme ce groupe pourrait constituer une réelle enceinte de réflexion préalable à l’action à l’est de l’Europe.

 

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