Pays industrialisés

La république de Weimar : la démocratie mort-née ? (2/2)

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Gustav Stresemann, la grande figure politique de la république de Weimar. Célèbre pour son rapprochement avec la France, il obtient le prix Nobel de la paix conjointement avec Aristide Briand en 1926.

Une fois les révoltes maitrisées et la nouvelle république dotée d’une constitution (juillet 1919) et d’une base politique solide (coalition SPD-Libéraux-Zentrum), le défi est économique. L’inflation ruine le pays : ce phénomène qui touche tous les pays européens après guerre est particulièrement dur en Allemagne. L’Empire a financé la guerre uniquement par la planche à billets, et la jeune république doit faire face à une hostilité des milieux d’affaires et des nationalistes qui se traduit par la grève des emprunts et le paiement en retard des impôts. Sans compter le montant exorbitant des réparations exigé par les alliés, les pertes territoriales et humaines (2 millions de morts et 7 millions de citoyens rattachés à de nouveaux états), la perte de la flotte, des colonies et des brevets. De plus en plus de dépenses et de moins en moins de recettes donc pour l’Etat allemand : il ne lui reste que la planche à billets, l’inflation se nourrit ainsi d’elle-même.

C’est alors que l’occupation de la Ruhr, cœur économique de l’Allemagne,  de janvier 1923 par la France de Poincaré (pour forcer l’Allemagne à payer les réparations) va finir d’achever le mark. Le gouvernement allemand, qui a ordonné la résistance passive, doit prendre en charge financièrement des milliers de citoyens : le taux de change s’effondre. A titre indicatif, en juillet 1914, un dollar valait 4,2 marks, contre 8,9 en juillet 1919 et 4200 milliards le 15 novembre 1923.

Pourtant, la République s’en sort. L’action combinée de Luther (ministre des Finances) et de Schacht (directeur de la Reichsbank) porte ses fruits : création d’une nouvelle monnaie, le rentenmark (sur la base de 1000 milliards contre un), réduction drastique des dépenses publiques et réduction des réparations accompagnée de prêts de l’étranger grâce aux plans Dawes et Young.

Commencent alors en Allemagne, à parti de 1924, « l’ère Stresemann », du nom de l’homme d’état qui a dominé la scène politique presque jusqu’à l’arrivée d’Hitler. C’est une période bénie : retour à la prospérité, effervescence culturelle, retour dans le concert des nations (notamment grâce au retour d’Aristide Briand à la tête du gouvernement français).

Comment expliquer alors l’arrivée au pouvoir du NSDAP et d’Hitler ? La république de Weimar a pourtant survécu au traité de Versailles, à la révolution spartakiste, à de nombreux putschs, à l’hyperinflation et à l’occupation de la Ruhr. Les facteurs explicatifs sont multiples, mais ont peut en distinguer deux majeurs, un endogène et un exogène. D’une part, la crise de 1929, dont on ne peut imputer la responsabilité à la république,  a été catastrophique pour l’Allemagne. D’autre part, la grande erreur de Weimar a été de ne pas vouloir procéder à une « purge » des fonctionnaires à tous les niveaux : ces derniers, formés et élevés sous l’Empire, ont cru que le nazisme serait un bien meilleur rempart contre le communisme que la république.  Ebert a eu, après le putsch de Kapp, une possibilité de mettre en place un appareil d’état véritablement républicain. Mais, ses mémoires le confirment, il a considéré qu’une purge n’était pas digne de sa nouvelle république.

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