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Qu’est ce que l’aide publique au développement ?

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L'Agence Française de Développement (AFD) est l'opérateur français en charge de coordonner et piloter l'aide publique au développement.
L’Agence Française de Développement (AFD) est l’opérateur français en charge de coordonner et piloter l’aide publique au développement.

La notion d’aide publique au développement (APD) est née dans le contexte de la Guerre froide et de la décolonisation où elle participait au maintien de l’emprise des différentes puissances sur les espaces tampons ou décolonisés. C’est aujourd’hui un élément important de la politique étrangère des pays développés et émergents, notamment dans un contexte de mondialisation aiguisant les inégalités internationales et internes.

L’APD désigne « l’ensemble des dons et des prêts à conditions très favorables accordés par des organismes publics aux pays figurant sur la liste des bénéficiaires du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE ». Chaque pays dispose ainsi d’un système d’évaluation et d’acheminement : l’Agence Française de Développement en France, l’agence USAID aux Etats-Unis ou DFID au Royaume Uni. Les principaux donateurs sont en 2011 les Etats Unis, l’Allemagne, le Royaume Uni, la France et le Japon. Selon l’OCDE 134 milliards de dollars (US) ont été versés à travers le monde afin d’apporter une aide aux pays en développement en 2013 contre 119,6 milliards de dollars (US) en 2009.

L’APD constitue ainsi un instrument unique de redistribution de ressources publiques. Elle revêt en ce sens un caractère géopolitique important. Le développement après la Seconde Guerre Mondiale du système onusien et des institutions de Bretton Woods, vise partiellement à atténuer cet aspect. En effet, les organismes et institutions spécialisés de l’ONU (PNUD, PNUE, FAO, PAM) ainsi que le FMI et la Banque Mondiale doivent permettre par leur dimension internationale et leur approche sectorielle de limiter les biais liés à l’APD. Néanmoins, ces organismes restent très liés aux visions des grands pays développés et nombre d’aides sont conditionnées à des contextes économiques (libéralisation) et politiques (démocratie). Aussi, depuis l’an 2000, l’APD vise à la réalisation des Objectifs  du Millénaire pour le Développement. Au nombre de huit, ils couvrent les principaux aspects du développement économique et social (éducation, nutrition, santé et inégalité de genre) et doivent être atteints d’ici à 2015.

 Une aide multiforme qui connait un renouveau avec l’arrivée de nouveaux pays sur la scène internationale

Si son efficacité est souvent remise en question, de nombreux efforts sont faits ces dernières années afin de mieux programmer et orienter cette aide. En France, un projet de loi d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale a ainsi été présenté en décembre 2013 et un Conseil national du développement et de la solidarité internationale a également été créé. Il est de plus reproché à cette action internationale de rendre les pays dépendants, de substituer aux administrations nationales des systèmes parallèles ou encore d’être à la source de corruption et de détournements de fonds par les élites locales au détriment des bénéficiaires.

L’APD se caractérise également par un partage de savoir-faire. L’envoi d’experts et la coopération technique constitue une dynamique de plus en plus importante au sein des économies développées qui, budgétairement limitées, se voient contraintes d’innover dans leurs méthodes de coopération. Cette approche par l’expertise participe du renouveau de l’APD et répond aux nouveaux enjeux auxquels cette politique fait face : la concurrence accrue des organismes non gouvernementaux et la montée en puissance des pays émergents comme bailleurs internationaux. Le caractère géopolitique que revêt l’APD est ainsi particulièrement marquant. En perte de « hard power », sa capacité à envoyer des fonds et octroyés des prêts, les pays développés usent de leur « soft power », leur savoir-faire afin de se positionner dans les pays en développement. Pour exemple, participer à la construction d’un système éducatif ou sanitaire permet de partager ses normes et pratiques, créant ainsi un lien et une certaine forme de dépendance.  Les importantes réserves des pays émergents, et notamment des BRICS en font des acteurs de plus en plus essentiels d’aide au développement. Ces pays ont une approche plus souple et moins conditionnelle, à l’exemple du « consensus de Pékin » (1).

Contestée et controversée par certains aspects, l’APD demeure un des principaux leviers de coopération internationale. Loin d’être fondamentalement remise en cause il s’agit plutôt aujourd’hui de trouver des moyens plus transparents et optimaux de redistribuer les richesses.

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 (1) Le « consensus de Pékin » est un terme décrivant la diplomatie et le modèle de développement proposé par la Chine envers les pays en voie de développement. Fondée sur la non ingérence et une approche structurelle (développement d’infrastructures et économie), cette approche place au second plan le développement civique et des droits fondamentaux.

 

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