Dossier n°5 – La mondialisation du crime
La mondialisation du crime. Dossier n°5 – Les Yeux du Monde
Et si la prostitution et la drogue étaient la solution à la crise ? Selon les nouvelles règles statistiques européennes, les revenus provenant de ces deux trafics doivent être intégrés dans le calcul du PIB des pays membres. Compte tenu d’une économie informelle équivalente à 10,9% du PIB italien selon la Banque d’Italie, les prévisions de croissance pour la botte de l’Europe ont été réévaluées de 1,3% à 2,4% pour 2014. La Finlande, la Suède, l’Autriche, la Grande Bretagne et les Pays-Bas profiteront également de cette aubaine.[1] Il y a de quoi amuser les marchés. Il y a de quoi inquiéter les populations. Ces données démontrent l’omniprésence du crime dans certaines économies mondialisées, comme si la mondialisation avait favorisé leur essor. Ne pourrait-on pas dire à l’inverse que le crime a favorisé l’essor de la mondialisation ? A la fin du XIXème siècle, période que Suzanne Berger qualifie de « première mondialisation » lorsque le commerce international connaît un essor considérable, deux millions de Siciliens pauvres migrent vers les Etats-Unis et y implantent une succursale de la mafia Cosa Nostra. A l’heure de la prohibition, l’alcool, interdit à la vente et à la consommation aux Etats-Unis, est massivement importé d’Europe et d’Amérique latine et commercialisé par les mafias en place rangées derrière des leaders comme Al Capone ou Lucky Luciano. En réalité, les deux notions sont intimement liées. Le crime organisé est l’ombre de la mondialisation. Aujourd’hui, le crime entre dans une nouvelle dimension, comme s’il parvenait à dépasser la mondialisation : toutes les patates chaudes géopolitiques ont leur dominante criminelle.
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[1] “Le PIB de l’Italie bientôt dopé par la drogue et la prostitution“, Le Point, 2014