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Enver Pacha – Biographie

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Enver Pacha fut l'homme fort de l'Empire Ottoman à la veille de sa disparition. Champion du panturquisme et des idéaux jeune-turcs, il est aussi l'un des responsables du génocide arménien.
Enver Pacha fut l’homme fort de l’Empire Ottoman à la veille de sa disparition. Champion du panturquisme et des idéaux jeune-turcs, il est aussi l’un des principaux responsables du génocide arménien.

Ismail Enver Pacha est né le 22 novembre 1881 à Constantinople. Engagé très tôt dans une carrière militaire, c’est lors de sa première affectation à Salonique en 1906 qu’il devient membre du Comité Union et Progrès (CUP), aussi appelé mouvement jeune-turc. Ce mouvement, qui naît et se développe dans les écoles supérieures militaires de Constantinople, prône le retour à la constitution ottomane de 1876 abolie par le sultan Abdulhamid II et critique la politique servile de ce dernier à l’égard des occidentaux. En 1908 éclate la révolution jeune-turque à Salonique et Enver devient très rapidement un des leaders du mouvement qui parvient à renverser le sultan et installer la seconde ère constitutionnelle de l’Empire Ottoman. Très proche de l’Allemagne où il a étudié et où il retourne très régulièrement, il est l’un des artisans du rapprochement germano-ottoman et de la réforme de l’armée turque sur le modèle allemand.

La guerre de 1911-1912 contre l’Italie consacre Enver comme l’un des chefs militaires les plus talentueux de sa génération : il dirige la guérilla ottomane en Tripolitaine contre les troupes italiennes et parvient à fédérer les tribus nomades contre l’envahisseur. Ses succès contre un ennemi supérieur en nombre et en matériel lui confèreront un prestige certain au sein de l’Empire et en Occident, mais il est impuissant à empêcher la perte des Balkans l’année suivante. Devant la défaite des jeunes-turcs aux élections de 1912 au profit de l’Union Libérale et encouragé par le discrédit du nouveau gouvernement à la suite de la crise des Balkans, Enver décide de prendre le pouvoir par la force. Il prend violemment d’assaut la Sublime Porte, le siège du gouvernement turc, et installe un triumvirat dont il fait partie à la tête de l’Empire. Il est de fait le seul maître du pays, n’accorde que très peu d’intérêt au Parlement et exécute ses opposants politique. Auréolé de ses victoires en Tripolitaine et en Bulgarie, toujours lié politiquement à une Allemagne qu’il admire, le « conquérant d’Edirné » – comme Enver se fait appelé – choisit naturellement l’alliance des puissances centrales lorsque le premier conflit mondiale éclate. Ministre de la guerre du sultan fantoche Mehmet V, c’est lui qui dirige les opérations mais il se révèle vite dépassé par les événements : il perd la plupart de ses 90 000 hommes morts de froid contre les Russes en 1915 et la Turquie est de fait sous perfusion allemande sur les plans financier, matériel et même organisationnel – de nombreux généraux allemands seront détachés auprès de l’État-major ottoman.  Surtout il autorise le massacre des chrétiens de Turquie, ce  qui inclut les grecs pontiques, les assyriens mais surtout les arméniens dont les deux tiers de ceux qui vivaient en Arménie sont exterminés entre 1915 et 1916.

A la fin de la guerre, poursuivi pour le génocide arménien, il prend la fuite en l’Allemagne puis en Asie Centrale où il essaie de faire renaître son rêve de toujours : le panturquisme. En s’appuyant sur les turcophones d’Asie Centrale il tente d’établir un Turkestan indépendant en s’alliant avec l’URSS contre des rebelles locaux, puis en se retournant contre les soviétiques. Il meurt le 4 août 1922 dans une bataille contre l’Armée Rouge dans l’actuel Tadjikistan, après quelques succès militaires. En 1996 sa dépouille est rapportée à Istanbul, où elle repose depuis.

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