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Yasser Arafat – Biographie

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Yasser Arafat, Bill Clinton et Yitzhak Rabin lors de la signature des accords d'Oslo en septembre 1993
Bill Clinton, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat lors de la signature des accords d’Oslo en septembre 1993

Né  le 24 août 1929, Mohamed Abdel Raouf Arafat al-Qudwa al-Husseini, plus connu sous le nom de Yasser Arafat est un des symboles de la lutte du peuple palestinien. Yasser Arafat grandit au Caire où il mène une jeunesse teintée par l’affrontement israélo-arabe et décide de mieux en comprendre les ressorts en s’immergeant dans les cercles juifs (clubs sportifs juifs) et en lisant des penseurs sionistes tels que Theodor Herzl ou Vladimir Jabotinsky. En 1946, après sa rencontre avec Amin al-Husseini, le Mufti de Jérusalem, il devient assistant du Cheik Hassan, proche de ce dernier et participe activement aux activités de l’autorité religieuse en collectant des fonds et des informations. En 1947 lors de la guerre civile en Palestine il participe à la fourniture d’armes aux combattants de la Jaysh al-Jihad al-Muqaddas, partisans du Mufti qui affrontent les forces juives. A partir de 1949 il suit des études d’ingénieur à l’Université du Caire au sein de laquelle il devient président de l’union des étudiants palestiniens. Une fois diplômé il s’installe à Koweit City et travaille comme ingénieur, développe sa propre affaire et use de ses revenus afin de financer le Fatah, groupe de résistance et parti politique qu’il créé en 1959. Ce groupe est membre de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), organisme de coordination qui chapeaute plusieurs groupes d’opposition à l’Etat d’Israël. L’action de l’OLP est double : à Beyrouth, sa base, elle soutient les réfugiés palestiniens en leur fournissant des services sociaux, à l’extérieur elle arme et organise des groupes de résistants agissant contre l’Etat d’Israël. Le groupe Al-Assifa (la Tempête), nom d’emprunt pris par Arafat et ses compagnons d’armes, mène ainsi des opérations militaires à partir de 1965. Après la Guerre de Six-Jours (1967), Arafat rejoint la Cisjordanie occupée et tente d’y organiser les populations locales en établissant des cellules du Fatah. Sabotages et attentats se multiplient, suscitant une importante répression israélienne qui fait plus de 200 morts parmi les Palestiniens. Arafat décide alors de réorganiser l’action du Fatah en lançant notamment ses opérations depuis la Jordanie. Les représailles israéliennes s’accentuent en 1968 et malgré un nombre de morts important du côté arabe cette bataille est considérée comme une victoire pour le Fatah, les Israéliens s’étant retirés rapidement après le début des combats. Cela permet l’émancipation du Fatah, qui prend la tutelle de l’OLP, sa reconnaissance dans le monde arabe, et l’arrivée à la tête du mouvement de Yasser Arafat. La Charte de l’OLP devient alors la Charte nationale palestinienne, perçue comme une déclaration de guerre par Israël qui y est désigné comme Etat à anéantir par la lutte armée. Malgré ses victoires et sa légitimité accrue, l’OLP est chassée de Jordanie par le roi Hussein en septembre 1970 après le détournement de trois avions de ligne. Yasser Arafat s’enfuit tandis que des organisations clandestines comme Septembre noir se constituent et mènent des actions terroristes à l’encontre d’Israël et de ses ressortissants, à l’instar de l’assassinat de onze athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Yasser Arafat nie toute implication dans ces événements et évite ainsi le sort réservé aux membres de Septembre noir. A partir de cette période, il prend ses distances avec le terrorisme et recherche une réelle reconnaissance internationale. Il prononce un discours resté célèbre devant l’Assemblée Générale des Nations Unies : illustrant sa nouvelle posture il se présente comme « tenant d’une main un fusil et de l’autre un rameau d’olivier ». A cette même période, les premiers jalons de la future autorité palestinienne sont posés avec l’approbation de la création d’une autorité nationale par les militants palestiniens. Depuis le Liban où il s’est réfugié après son départ contraint de Jordanie, Yasser Arafat créé un véritable Etat dans l’Etat dans un contexte de tensions accrues entre les communautés maronites, druzes, chiites et sunnites qui conduit à la guerre civile libanaise à partir de 1975. L’invasion par l’armée israélienne du Liban en 1982 contraint Arafat à s’exiler en Tunisie, d’où il continuera son action pour la reconnaissance de la Palestine. Il renonce en 1988 à la lutte armée contre Israël qu’il reconnait désormais comme un Etat légitime. Sa participation aux négociations relatives aux accords d’Oslo signés en 1993 en l’Etat d’Israël et l’OLP, permet la création de l’Autorité Palestinienne. Son action en faveur de la paix lui vaut d’être désigné avec Yitzhak Rabin et Shimon Pérès prix Nobel de la Paix en 1994. Il devient en 1996 le premier président de l’Autorité palestinienne, entité jouissant d’une autonomie limitée en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. A la tête de l’Autorité Palestinienne de 1996 à 2003 il participe notamment à la reconnaissance internationale du peuple palestinien mais les reproches internes (corruption et confiscation du pouvoir) et externes (soutien au terrorisme) ainsi que l’échec des négociations (sommet de Taba) et la Seconde Intifada à partir de 2001 font perdre du crédit à sa politique. Assiégé à plusieurs reprises par Israël et isolé politiquement il se voit imposé de nommer Mahmoud Abbas comme Premier Ministre en 2003. Malade, il est transféré en France pour des soins en 2004 où il meurt en novembre. Malgré une politique parfois ambiguë, Yasser Arafat dont le parcours est intimement lié à celui de la Palestine demeure, dix ans après sa mort, un symbole de la construction nationale palestinienne.

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