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La doctrine Brejnev, ou doctrine de la « souveraineté limitée »

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En 1968 un vent de liberté souffle sur un contient européen toujours divisé par la Guerre froide. Le bloc de l’Est, malgré son totalitarisme centralisateur, n’a pas été épargné. L’exemple le plus probant est évidemment celui de la Tchécoslovaquie d’Alexandre Dubcek. Ce dernier devient président du Parti communiste tchécoslovaque (PCT) en janvier 1968. Ses réformes vont  donner naissance au Printemps de Prague, et à la doctrine de Brejnev.

A. Dubcek et le « socialisme à visage humain »

Léonid Brejnev et Alexandre Dubcek (de dos) : les relations entre les deux hommes se sont progressivement détériorées. La rupture se produisit en août 1968.
Léonid Brejnev et Alexandre Dubcek (de dos) : les relations entre les deux hommes se sont progressivement détériorées. La rupture se produisit en août 1968.

Aussitôt arrivé au pouvoir, A. Dubcek annonce plusieurs réformes libérales. On peut notamment noter que le 5 mars 1968 la censure est abolie, et par la même occasion, des intellectuels qui avaient été emprisonnés à cause d’une virulente opposition au régime sont libérés.  C’est ce que le président du PCT baptisera lui-même le « socialisme à visage humain ». Alors que l’opinion tchécoslovaque soutient A. Dubcek, les pays voisins ne voyaient pas cela d’un bon œil de peur d’une propagation. Léonid Brejnev fait son possible pour rappeler le trublion à l’ordre, mais celui-ci décide de continuer sur sa lancée.

En réaction, dans la nuit du 20 au 21 août 1968, les troupes du Pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie.

Pour justifier a posteriori cette intervention musclée L. Brejnev utilisera une vision qu’il avait développé à plusieurs reprises, notamment le 2 juillet 1968. Il avait en effet affirmé que « lU.R.S.S. ne peut être indifférente et ne le sera jamais aux destinées de la construction du socialisme dans les autres pays ». Les États membres du Pacte de Varsovie avaient immédiatement perçu cela comme une volonté de limiter la souveraineté des États satellites de l’Union soviétique. Suite à la répression du Printemps de Prague, L. Brejnev insistera à plusieurs reprises sur le fait que même si les États d’Europe de l’Est sont théoriquement souverains, idéologiquement ils dépendent du modèle de Moscou. En somme, l’U.R.S.S. dispose d’un véritable droit d’ingérence vis-à-vis des États où elle souhaite instaurer le communisme. La doctrine Brejnev peut donc être perçue comme le penchant politique du Conseil d’aide économique mutuelle (CAEM/COMECON).

Le représentant de l’U.R.S.S. au Conseil de sécurité de l’O.N.U., Yakov Malik, justifiera cette intervention en affirmant que le pays a agit pour la sécurité, et la stabilité de l’Europe. Ses allocutions ont renforcé le poids de la doctrine Brejnev. Selon les responsables soviétiques elle ne pouvait tout simplement pas être attaquée étant donné qu’elle permettait la préservation de l’intérêt général des peuples européens.

Cette doctrine soviétique sera  abandonnée dans un discours prononcé à l’O.N.U. le 7 décembre 1988 par Mikhaïl Gorbatchev. Il reconnaitra que « la liberté de choix est un principe universel. Il ne devrait pas y avoir d’exception. ». Par la même occasion, il annoncera la réduction de la présence militaire soviétique en République démocratique allemande (RDA), en Hongrie et en Tchécoslovaquie.

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