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Qu’est-ce que la « doctrine de la Porte Ouverte » ?

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« The Open Door policy » (littéralement « politique de la porte ouverte » en anglais) est une politique étrangère américaine appliquée par le Président républicain William McKinley et son secrétaire d’État John Milton Hay. Cette politique concernait principalement la Chine. Elle a donc caractérisé les rapports américano-chinois de la fin du XIXème siècle, et du début du XXème siècle. De plus, elle reflétait les ambitions impérialistes propres à la politique étrangère des États-Unis.

Dessin de J.S. Pughe (1899) - Oncle Sam (Etats-Unis) impose sa politique aux puissances européennes en Chine.
Dessin de J.S. Pughe (1899) – Oncle Sam (Etats-Unis) impose sa politique aux puissances européennes en Chine.

La « doctrine de la Porte Ouverte » consiste en le fait de laisser un marché accessible à tous les pays intéressés. En somme, de façon imagée on peut dire que la porte du marché reste ouverte à tous. Ainsi, aucun pays ne peut s’approprier la zone concernée, et y exercer une trop grande influence. Ce principe avait notamment été appliqué dans le texte produit lors de la Conférence de Berlin (1884-5), régulant et organisant le « Partage de l’Afrique » entre les différentes puissances européennes. Il avait été établi que le principe de la Porte Ouverte devait être mis en place dans le bassin du Congo qui suscitait de nombreuses convoitises.

Cependant, l’exemple le plus représentatif de l’application de la doctrine de la Porte Ouverte est celui de la Chine et des États-Unis (1899).

A la fin du XIXème siècle, les États-Unis assumaient pleinement leur nouveau statut de puissance mondiale, reposant en partie sur une industrie florissante. En outre, ils avaient fait une démonstration de l’efficacité de leur armée durant la guerre les opposant à l’Espagne, que les espagnols ont baptisé après coup le « Desastre del 89 ». Au même moment, la Chine connaissait une période plus difficile. La dynastie Qing avait en effet été considérablement affaiblie par sa défaite lors de la guerre sino-japonaise (1894-95). Par conséquent, différentes puissances européennes, ainsi que le Japon, ont profité de cette faiblesse pour s’approprier des enclaves sur le territoire chinois, ou pour renforcer leurs zones d’influences respectives.

Le Président McKinley était inquiet de voir une croissance de la présence européenne en Chine. Son souhait était de protéger les intérêts américains, diplomatiques mais également économiques, de quelconques menaces.

Le 6 septembre 1899, une première note diplomatique de J. M. Hay fut envoyée aux différents pays ayant des intérêts en Chine, c’est-à-dire aux principales puissances européennes (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie), au Japon et à la Russie. Deux autres suivront, respectivement le 3 juillet 1900, puis le 1er février 1902. Dans ces trois textes, J. M. Hay affirme la nécessité de maintenir le marché chinois sur un pied d’égalité avec tous ses partenaires étrangers. De plus, il était impossible d’imposer des tarifs douaniers plus importants à un pays qu’à un autre. Cette politique étrangère reposait donc sur deux principes suivants : la non-discrimination commerciale, et le libre-échange.

En contrepartie de cette perte d’autonomie commerciale, la Chine ne recevait rien de particulier. Elle était juste assurée de ne pas être colonisée, car les États-Unis s’étaient engagés à protéger son indépendance. Les politiques américains avaient aussi à cœur de préserver l’intégrité de la Chine. Après la révolte des Boxers (1899-1901), impulsée par la société secrète chinoise les Poings de la justice et de la concorde, qui déboucha sur la chute de la dynastie des Qing, les États-Unis s’opposèrent à un démembrement de la Chine. Les puissances européennes finirent par plier face à cette demande.

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