La haine de l’Occident – Jean Ziegler – Fiche de Lecture
Diplomate suisse de renom et ancien Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation auprès des Nations-Unies (2000-2008), Jean Ziegler se donne pour objectif, à travers des ouvrages criants de vérité et à portée pédagogique (« Destruction massive – Géopolitique de la faim », « L’Empire de la honte »), de lever le voile sur le déséquilibre des puissances qui sous-tend la scène internationale. Certains pays sont encore « riches », d’autres toujours « pauvres ». Oui, mais cet état de fait, nous sommes nombreux à le connaitre. Alors, pour une prise de conscience réelle, il faut aller au-delà et révéler les tenants historiques, sociaux, économiques, ou même philosophiques de l’assujettissement d’une partie du monde (en outre l’hémisphère sud, et plus précisément les pays sous-développés ou en développement). Mieux encore, dénoncer le fonctionnement parfois opaque de la diplomatie et des organisations internationales, particulièrement de l’ONU, dont il met en avant l’impuissance.
Cette ligne directrice, qui a guidé l’ensemble de la carrière du diplomate, est fondamentalement présente dans « La Haine de l’Occident » (Editions Albin Michel, 2008), qui a reçu le Prix littéraire des droits de l’Homme. Dans cet ouvrage, l’auteur s’épanche sur les justifications de l’hostilité que suscitent l’Occident et sa politique internationale chez les populations et dirigeants des pays du Sud. Selon lui, cette « haine » serait le fruit de plusieurs facteurs : mémoire blessée des pays du Sud (colonialisme, esclavage), arrogance et volonté d’universalisme de l’Occident et de son modèle, qui « écraserait tout sur son passage », passage d’une domination militaire à une domination politique et économique, absence de repentance. Avec des exemples concrets, Jean Ziegler exploite l’incompréhension de l’Occident face à ses erreurs passées, et souligne l’intolérance des pays du Sud à accepter ce qu’ils qualifient d’énième humiliation. Pointe alors le présage d’une paralysie des négociations internationales et d’une opposition permanente, voire d’une guerre idéologique et diplomatique, sur la scène et au sein des instances internationales.
Aux origines de la haine de l’Occident : le poids de l’Histoire et la résurgence des mémoires
« On n’en peut plus de tant de mensonges, de tant d’abomination » Aimé Césaire
L’auteur revient aux racines du mot Occident, défini historiquement comme un territoire. Du latin occidere (tomber), en référence au « pays du soleil couchant », sa définition n’est cependant pas seulement géographique. Ce qui qualifie l’Occident, c’est son mode de production, le capitalisme, et sa domination historique violente sur d’autres peuples. Oui, mais alors pourquoi la mémoire blessée renaît-elle de ses cendres plus d’un siècle après l’abolition de l’esclavage, et plus d’un demi-siècle après l’expérience de la colonisation ? Selon l’auteur, qui s’appuie sur Halbwachs, lorsque une population est victime de violences, naît un état de choc. Or, au lieu d’exulter la révolte qu’elle porte en elle du fait de son oppression, « elle évacue au plus profond de sa mémoire l’évènement destructeur que sa conscience ne parvient pas à maîtriser. […] La conscience collective doit alors lentement apprivoiser l’horreur vécue ».
Cette nécessité de « digérer » le passé s’est illustrée dans le cadre de l’initiative avortée de Bandung. Du 18 au 24 avril 1955, sur l’île indonésienne, se sont réunis les dirigeants de 27 pays du Sud : 15 Etats venaient d’Asie, 9 du Moyen-Orient, et 3 d’Afrique. Il s’agissait pour ces derniers de définir une politique militaire, culturelle, et économique commune afin de contrer l’influence des puissances coloniales occidentales et d’affirmer une identité culturelle et politique propre aux pays du Sud. Ce fut un moment décisif dans la récupération par ces derniers de leur mémoire, qui donna naissance au Mouvement des non-alignés. Il réunit notamment 2 personnalités éminentes dans la lutte face à l’impérialisme occidental : Nehru, Premier Ministre de l’Inde, et Nasser, chef de l’Etat égyptien. Par la suite, d’autres conférences seront organisées, mais le mouvement tombera peu à peu en désuétude. Ce n’est qu’en 2006, lors d’une rencontre à la Havane, qu’il connut une réelle résurrection. Au sein de l’ONU, 120 des 192 Etats membres en font désormais partie.
Mais sur quoi se fondent les revendications de repentance et de compensation prônées par les pays du Sud ? Selon Jean Ziegler, la réponse est évidente : la traite des Noirs et la conquête coloniale. Il rappelle avec une ferveur non feinte l’histoire et le quotidien des esclaves, soulignant que « plus de 20 millions d’hommes, de femmes, et d’enfants africains ont été arrachés à leur foyer […] pour servir de main d’œuvre dans les plantations et dans les mines, souffrant de la faim et de la malade, subissant la torture ».
Concernant les massacres coloniaux, le diplomate limite son analyse historique à la colonisation française, rappelant, par de nombreuses dates et exemples, les noms de ceux qui ont fait cette période sombre de l’histoire du pays. « Des noms, depuis longtemps oubliés, en Occident obsèdent la mémoire des Maghrébins et des habitants d’Afrique noire : Bugeaud, Gallieni, Gérard, Voulet, Chanoire, etc ». Le colonialisme serait alors le fruit d’un seul phénomène, le racisme: « Soumettre à son joug un être humain présuppose la négation de son humanité ».
L’opposition actuelle quant à la perception de cette mémoire serait l’un des principaux facteurs justifiant cette thèse de « haine de l’Occident ». Les mémoires des peuples du Sud sont des « mémoires blessées ». A l’inverse, « l’Occident témoigne d’une mémoire triomphante, arrogante, imperméable au doute ». Au sein même des Nations-Unies, deux acteurs ont pris conscience des dangers que représentait une éventuelle « guerre des mémoires » qui brisait les espoirs d’accord de la communauté internationale sur des problématiques pourtant fondamentales (nucléaire, désarmement, famine etc) : Mary Robinson, ancienne Haut-commissaire aux Nations-Unies pour les droits de l’Homme, et Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’organisation. A leur initiative, a été lancée la Conférence mondiale contre le racisme de Durban, en 2001, avec pour principal objectif de briser le tabou des mémoires. Ce fut un échec criant selon Jean Ziegler. Alors que les pays du Sud exigeaient une réelle repentance et des compensations financières pour les préjudices causés au cours de l’Histoire par l’Occident, ce dernier a réfuté toute responsabilité, prônant la nécessité d’avancer, et de faire fit du passé. Un accord (vide) a été adopté in extremis.
Cette négation a notamment été réitérée par l’ancien Président français Nicolas Sarkozy lors de son discours à Dakar en 2007, au cours duquel il a expliqué que parmi les colons il y avait des « hommes bons », rappelant également que « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire » et que « jamais l’homme [africain] ne s’élance vers l’avenir ».
La mondialisation, ou le passage d’une domination territoriale à une domination économique des pays du Sud
«Quand les riches maigrissent, les pauvres meurent » Confucius
Si les arguments soulevés dans cette première partie font référence à des événements passés, la domination de l’Occident aurait été perpétuée dans la construction d’un modèle économique inégalitaire encore en vigueur aujourd’hui. Tout d’abord, une contradiction « insupportable » existerait entre démographie et pouvoir : « depuis plus de 500 ans, les Occidentaux dominent la planète. Or les Blancs n’ont jamais représenté plus de 23,8% de la population mondiale – à peine 13% aujourd’hui ».
« Dans la perception des peuples du Sud, l’actuel ordre du capital occidental globalisé, avec ses mercenaires de l’OMC, du FMI, de la Banque mondiale [….], représente le dernier, et de loi le plus meurtrier, des systèmes d’oppression advenus au cours des cinq siècles passés ». Deux exemples concrets sont donnés par l’auteur : le marché du coton et le nouvel accord de partenariat économique entre l’UE et les peuples des ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).
Concernant le marché du coton, certains Etats producteurs et notamment les Etats-Unis versent régulièrement des subventions à leurs agriculteurs, initiative que ne peuvent reproduire la plupart des pays de l’ouest africain tels que le Mali. Le coton américain se négocie ainsi à des prix inférieurs de 30 à 40% par rapport au coton africain. Alors que l’OMC interdit de telles pratiques, et plus précisément le dumping agricole, les 5 Etats africains vivant principalement de leur production de coton n’ont pas les moyens de les attaquer en justice.
L’assujettissement économique des peuples du Sud serait alors total. Cette affirmation peut-elle être soutenue à l’heure où de nouvelles oligarchies s’imposent économiquement dans des pays à fort développement tels que l’Inde, ou la Chine, créant ainsi une objection réelle à l’hypothèse d’un clivage inéluctable entre l’Occident et le reste du monde ? Et bien oui, selon l’auteur. Tout simplement car ces oligarchies pratiquent elles-mêmes un « capitalisme imitatif impitoyable, accumulant des richesses astronomiques. Leurs fonds d’investissement détiennent des parts importantes à la Société générale, en France, à l’UBS, en Suisse, et dans nombre d’autres grandes banques d’affaires occidentales ». Les modalités de leur intégration dans le système économique de leur pays d’origine reprendraient ainsi les méthodes et rouages qui seraient perçus comme humiliants pour les populations des pays du Sud et assimilés à la philosophie économique occidentale. A en croire l’auteur, « les oligarchies financières chinoise, indienne et occidentale sont concurrentes et solidaires au sein du même système d’oppression et d’exploitation des peuples. La souffrance des populations alimente la haine de l’Occident ».
La volonté d’universalisme de l’Occident, ou le pouvoir d’un double langage
« Depuis des siècles, l’Occident tente de confisquer à son seul profit le mot humanité » Jean Ziegler
Premier terrain d’action de cette monopolisation présumée des pays du Nord, les droits de l’homme. Ce concept juridique est souvent mis en avant sur la scène géopolitique comme étant « l’armature de la communauté internationale ».
Cependant, il « n’existe encore aucun tribunal international pour rendre justice à la victime [ici une population, un Etat] et condamner le délinquant à la réparation ». La souveraineté politique et économique des Etats restant l’un des principes fondateurs des relations internationales, l’application stricto sensu des droits consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et des nombreux textes juridiques qui lui ont succédé, repose sur la bonne foi de ces derniers. L’auteur prend notamment l’exemple des Etats-Unis. Grande puissance mondiale et promoteur confirmé des droits fondamentaux, les Etats-Unis font partie des 145 Etats à avoir signé et ratifié la Conventions des Nations-Unies contre la torture de 1984. Or, dans le cadre du programme de lutte contre le terrorisme qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, le président Georges W. Bush a signé un Executive order (« décret présidentiel ») autorisant les autorités à opérer « en dehors de toute loi nationale ou internationale ». Selon les textes américains en vigueur, un « combattant hostile » n’est ni un prisonnier de guerre ni un détenu de droit commun. Le droit international sus-cité ne s’applique donc pas et le pays a été accusé de traitements inhumains et dégradants sur les terroristes présumés, principalement au sein de la base militaire de Guantánamo.
Par cet exemple, l’auteur tient à souligner l’adaptabilité du concept des droits de l’homme dont font parfois usage les pays occidentaux pour intervenir dans les affaires internes d’autres Etats. Cette inertie se serait à nouveau traduite au sein des Nations-Unies dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés par l’organisation en septembre 2000. Au nombre de 8, les OMD avaient pour ambition d’éradiquer, à l’horizon 2015, des problématiques non résolues affligeant la planète au seuil du nouveau millénaire : mettre fin à l’extrême pauvreté et à la faim, assurer une éducation primaire à tous les enfants en âge de suivre une scolarité, réduire la mortalité infantile, telles étaient les ambitions des Etats signataires. Or, en 2010, date d’écriture de l’ouvrage, 1 milliard de personnes souffraient de sous-alimentation, soit 200 millions de plus qu’à la signature de l’accord. Cette incapacité à résoudre le problème de la faim à l’heure où les denrées alimentaires produites pourraient nourrir l’ensemble de la planète serait le fruit des « désastreuses politiques menant au sous-développement croissant des pays les plus pauvres, telles qu’elles sont pratiquées par les puissances occidentales. […] Aux yeux des peuples du Sud, le sommet du Millénaire apparaît donc comme un pur exercice rhétorique, une nouvelle manifestation du double langage, du cynisme, et de la mauvaise foi de l’Occident ».
Le Nigéria: mainmise de l’Occident sur les ressources naturelles du pays et corruption
Considéré comme l’un des pays les plus riches du continent africain, le Nigéria est victime d’un vrai paradoxe. Huitième producteur de pétrole du monde et premier producteur africain, « le pays souffre pourtant d’un manque aigu et chronique d’essence ». En effet, théoriquement, le pétrole et le gaz nigérians appartiennent à l’Etat fédéral. Mais celui-ci concède des licences d’exploitation aux sociétés privées étrangères. Par ailleurs, dans l’impossibilité économique de remettre en état ses raffineries, « le Nigéria doit importer la majeure partie des produits pétroliers raffinés dont son économie a besoin ».
Autre phénomène qui gangrènerait le processus de développement du pays et auquel l’Occident participerait activement, la corruption. « Un Etat faible, discrédité et inefficace est le partenaire rêvé pour les sociétés transcontinentales occidentales, d’autant plus que 90% des ressources budgétaires du pays le plus peuplé d’Afrique proviennent du gaz et du pétrole ». Ces sociétés, présentes notamment dans le delta du fleuve Niger, le plus étendu de la planète, seraient également à l’origine d’une pollution sans précédent au sein de la région. Des scientifiques américains estiment que les champs pétrolifères du delta produisent plus du CO2 que tous les autres champs du monde réunis. « Les oil-spills, le déversement du pétrole dans la nature, affligent eux aussi les vingt-sept millions d’habitants du delta ». La présence de ces sociétés serait ainsi un symbole « d’arrogance et d’oppression » pour les habitants, souvent des pêcheurs qui ne bénéficient pas des excédents économiques que procure aux sociétés et à l’Etat l’exploitation des ressources pétrolières. Mais la pollution ne s’arrêterait pas au delta. A Lagos, l’ancienne capitale du pays, « chaque mois, plus de cinq cent conteneurs remplis de déchets toxiques […] en provenance d’Europe et des Etats-Unis entrent dans son port ».
La Bolivie, ou l’émancipation progressive du joug occidental
Comme une grande partie du continent sud-américain, la Bolivie, composée aujourd’hui de près de 11 millions d’habitants, a subi tout au long de son histoire, les dérives du colonialisme et l’ingérence des grandes puissances. Selon Karl Marx, l’accumulation initiale du capital, fondement du développement industriel, financier et politique de l’Occident, s’est opéré dans l’hémisphère Sud. Selon lui, « le régime colonial assurait des débouchés aux manufactures naissantes, dont la facilité d’accumulation redoubla, grâce au monopole du marché colonial ». Durant les trois siècles qu’a duré la conquête espagnole, la résistance indienne n’aura jamais faibli.
A l’orée du XIXème siècle, la conscience de cette histoire blessée a débouché en Bolivie sur l’élection d’un Président bolivien, Evo Morales, investit le 21 janvier 2006. Au nombre de 12 000, les communautés indiennes présentes dans le pays auraient misé sur le programme politique du candidat pour se réapproprier leurs terres et ses ressources. « Dès son arrivée au pouvoir, Evo Morales met en œuvre une triple stratégie : reconquête des richesses minières, pétrolières et agricoles ; lutte contre la misère ; destruction de l’Etat colonial et édification d’un Etat national ». La Bolivie possède en effet les plus importantes réserves de gaz de toute l’Amérique latine et des réserves pétrolières équivalentes à celles du Venezuela. Dès son investiture, le Président a ainsi repris le contrôle de nombreuses installations, initialement aux mains de grandes sociétés occidentales. Il s’agissait de faire en sorte que ces sociétés continuent à œuvrer dans le pays, mais de les transformer « en sociétés de service agissant sous les ordres de l’Etat bolivien ». Cette même année, « les exportations minières augmentèrent de 126% ».
Le deuxième héritage colonial que le Président à cherché à combattre est la misère. La Bolivie est le second pays le plus pauvre du continent après Haïti. « La sous-alimentation […] ravage 28% des familles indigènes et 16% des familles métisses et blanches ». Le gouvernement a ainsi cherché à opérer une redistribution des richesses issues de ses ressources naturelles et a pu mettre en place un plan de développement avec l’aide du PNUD. Concernant enfin la création d’un Etat national, le Président a encouragé la mise en place d’un nouvelle Constitution, adoptée le 25 novembre 2007, qui rappelle les racines indiennes du pays et crée un véritable « catalogue des droits de l’homme – civils et politiques, économiques, sociaux et culturels ». Malgré ces efforts, l’avenir politique du pays reste incertain. Les divisions entre les communautés indiennes et les séquelles de la colonisation encore présentes au sein du système économique et politique bolivien laissent planer le doute quant à la capacité de ce dernier à s’émanciper complètement de l’empire occidentale. Début 2016, un référendum visant à permettre à Evo Morales de briguer un 4ème mandat présidentiel a été rejeté par la population. Reste donc à savoir si son successeur saura lui aussi freiner les appétits de l’Occident dans la région.
Conclusion
« L’heure de nous-mêmes est venue ». Aimé Césaire
« Rarement dans l’Histoire, les Occidentaux ont témoigné d’un tel aveuglement, d’un tel détachement et d’un tel cynisme aujourd’hui ». La crise économique de 2008 et la flambée des prix alimentaires cette même année « condamne à la misère de nouvelles catégories sociales, essentiellement urbaines ». Cet état de fait serait là encore le fruit d’une politique guidée par les grandes puissances. Le FMI et ses plans d’ajustement structurels imposés pour réduire la dette extérieure de nombreux pays en voie de développement, encourage l’agriculture d’exportation, « au détriment des cultures vivrières ». Or, huit sociétés occidentales contrôlent, à l’heure de l’écriture de l’ouvrage, l’essentiel du marché mondial des biens alimentaires. Autre stratégie, l’avènement de la lutte contre le réchauffement climatique et « la conversion massives des aliments de base en agrocarburants ». L’ensemble de ces données laisse présager selon l’auteur l’assurance pour l’Occident d’une domination politique et économique durable. Mais les risques, notamment géopolitiques, sont bel et bien présents, tant l’histoire des pays du Sud est empreinte de blessures et la volonté de s’émanciper présentes dans les esprits.